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La FSU...

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"La FSU fait sienne la conviction que notre époque est celle d’une prise de conscience par les peuples de l’unité de leur destin. Nombre de biens et de services sont appelés à entrer dans le patrimoine commun de l’humanité, ce qui appelle une large appropriation sociale et la mise en oeuvre de services publics à tous niveaux." (Congrès de Lille, 2010).

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27 octobre 2015 2 27 /10 /octobre /2015 18:13

Par un courrier daté du 23 octobre, le CESER de Picardie vient d'être saisi par le président Gewerc sur le projet d'agenda d'accessibilité programmée (Ad'AP) pour les lycées, et cette saisine se fait encore une fois dans des conditions inacceptables. Le Conseil Régional devra en effet se prononcer le 13 novembre, ce qui laisse tout au plus quinze jours au CESER pour procéder à des auditions, rédiger un avis circonstancié et le faire voter par les conseillers. Ce calendrier est tout simplement impossible à tenir.

 

On peut comprendre que des élus aient, à la veille d'une échéance électorale particulièrement incertaine, le soucis de valoriser leur action et de montrer des projets achevés et des engagements tenus. C'est de bonne guerre. Mais le CESER travaille dans le temps long des évolutions sociétales et pas au rythme du calendrier électoral. La dignité de la seconde assemblée régionale, la volonté de se tenir en dehors de la compétition électorale, la nécessité de réaffirmer l'indépendance d'un conseil trop souvent instrumentalisé commandaient de refuser un calendrier aussi contraint.

 

Le président Camine a néanmoins pris la responsabilité d'accepter d'engager le CESER dans cette course à l'échalotte. Résultat : d'une part le CESER ne pourra auditionner que les services du Conseil Régional et pas du tout les représentants des usagers et d'autre part le conseil sera proprement désaisi de la question au profit du seul bureau. 

 

La FSU a protesté contre une pratique d'autant plus contre-productive qu'elle tend à se répéter.

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14 octobre 2015 3 14 /10 /octobre /2015 08:06

Ce document budgétaire, qui sera le dernier du Conseil Régional de Picardie, résulte au moins partiellement de la nécessité d'assurer la continuité du service public jusqu'au vote du prochain budget primitif, dont la date limite a été retardée au 31 mai 2016 suite à la réforme territoriale. Il n'en reste pas moins dans le droit fil des orientations des budgets précédents, c'est à dire un saupoudrage tous azimuts là où il aurait fallu une stratégie de sortie de crise. Refus de vote de la CGT. Vote contre de la FSU.

 

La déclaration de la FSU :

 

Mesdames et messieurs, chers collègues,

 

Je serai bref. Pour une fois. Nous sommes là face à l'ultime wagon d'un Budget Régional, que notre CESER a toujours examiné avec beaucoup de complaisance et qui a contribué à amener la Picardie là où elle est, c'est à dire au décrochage par rapport aux régions voisines.

 

Je sais : il paraît qu'il ne faut pas le dire. Il faut au moins être Préfet de la République pour y être autorisé, et même dans ce cas, c'est classé "Secret Défense". Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire, écrivait Jaurès.

 

Pour aller vite : La FSU n'a pas voté en faveur de la locomotive; elle ne soutiendra pas non plus les wagonnets. Merci.

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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 14:39

Plus le CESER de la Grande Region se profile à l'horizon et plus les petites manoeuvres prennent le pas sur les grandes questions. Il faut dire que le gouvernement  avait d'emblée donné le mauvais exemple, davantage préoccupé de réduire les coûts de fonctionnement de la seconde assemblée régionale que de veiller à sa réelle utilité au service des citoyens. 

 

Toujours est-il qu'après avoir réorganisé- et assez en dépit du bon sens, il faut bien le dire- les commissions et groupes de travail de la période transitoire, autour et à partir des vice-présidents existants (ce qui permet à chacun d'eux de conserver sa vice-présidence), voilà qu'on crée, à l'issue d'une démission opportunément annoncée le jour précédent, un vice-président supplémentaire (un conseiller qui avait sans doute le mauvais goût de crier un peu trop fort qu'on l'avait oublié), en élevant ce qui jusqu'à présent était une sous-commission au rang de commission de plein exercice. Qu'il s'agisse d'un syndicaliste et qu'il soit ainsi adoubé par un président du CESER issu du collège patronal, sans même qu'on aît réuni, le collège des représentants des organisations de salariés, témoigne d'une conception toute particulière du dialogue social et de la considération que l'on porte aujourd'hui aux représentants du monde du travail.

 

Peu après, un conseiller suggérait d'interroger les candidats aux élections régionales quant à leur perception de la mission des CESER? Réponse du président : Je suis très réticent vis-à-vis de la politique. Nous avons été contactés par deux candidats (devinez lesquels !). Je ne ferais aucune démarche supplémentaire.

 

Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette....

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23 septembre 2015 3 23 /09 /septembre /2015 08:34

C'est avec un ordre du jour particulièrement chargé et devant un public plus nombreux que d'habitude que le CESER s'est retrouvé ce mardi 22 septembre pour sa plénière de rentrée. L'autosaisine sur le développement et l'organisation du sport en Picardie a fait l'unanimité. Rien de très étonnant: le sport est toujours très consensuel. La saisine par le Président du Conseil Régional a propos du Shéma Directeur d'Accessibilité (en clair : les objectifs et le calendrier des mesures visant à rendre les transports accessibles aux personnes souffrant de handicap) n'a pas d'avantage posé problème. Certes le retard par rapport à la loi initiale est général (c'est pourquoi on a changé la loi), mais la Picardie fait plutôt moins mal que d'autres et pour une fois, la Picardie a une politique, ce qui méritait d'être souligné.

 

C'est le troisième thème, qui fut en réalité chronologiquement le premier, qui suscita le plus de débat, en commission et le jour de la plénière. La CGT fit un rapide tour d'horizon des points positifs et négatifs du texte, avant de le voter. La CGPME parla de "catastrophe" pour les PME avant de se prononcer pour, de manière assez incompréhensible. Le Medef ne cacha pas son enthousiasme (on le comprend), de même que la CFDT (on comprend aussi, dès lors que l'on sait, combien elle est engagée dans de multiples organismes de formation). Car derrière la question de la formation, il y a aussi une manne financière considérable.

 

La FSU a voté contre, au nom d'une certaine conception de la formation, qui doit avoir pour objectif d'émanciper le salarié et non pas lui imposer une nouvelle norme de comportement. Elle a présenté de nombreux amendements visant à améliorer le texte, sans parvenir à en changer le fond. En particulier deux amendements visant pour le premier à mettre en garde contre le risque de création d'un stock de salariés employables, mais sans emplois, le second appelant à dépasser l'utilitarisme court-termiste, de manière à permettre aux demandes latentes des salariés de s'exprimer largement. Les deux amendements ont été rejetés, mais ont tout de même eu un certain impact (14 et 12 voix pour et de nombreuses abstentions), ce qui montre que les inquiétudes que l'avis du CESER a tenté de gommer, étaient tout de même bien présentes.

 

A noter que pour la première fois est apparue en plénière une "limitation du temps de parole". Espérons que cela ne se reproduira pas. Le Ceser-Picardie est déjà largement une assemblée sans réponses. Il ne faudrait pas qu'il devienne aussi une assemblée sans questions.

 

L'intervention de la FSU est ici :

Mesdames et messieurs, chers collègues,

 

Cette réforme -et je vais émettre une musique un peu singulière- qui institue à la fois le compte personnel de formation et le conseil en évolution professionnelle est un peu comme un tableau impressionniste. Il faut s'en éloigner et s'abstraire des détails techniques pour en comprendre le sens et en mesurer la dangerosité. Il s'agit en effet d'une conception bien particulière de la formation professionnelle, qui sous-ten l'ANI, l'Accord National Interprofessionnel  du 14 décembre 2013 et qui irrigue aussi bien la loi que notre projet d'avis.

 

C'est d'abord une conception qui fait de l'employabilité la nouvelle norme de comportement du salarié. Celui-ci doit, tout au long de savie et qu'il ait un travail où qu'il n'en ait pas, s'activer en permanence pour acquérir, préserver et développer sa capacité à accéder à l'emploi, bref "entretenir son portefeuille de compétences". A l'obligation de formation de l'employeur se substitue ainsi insidieusement la responsabilité individuelle du salarié quant à son employabilité ou son éventuelle inemployabilité.

 

Cette recherche permanente de l'employabilité par l'implication totale de soi ne fait d'ailleurs que préfigurer les situations de travail modernes, où c'est au salarié de mobiliser toutes ses ressources, cognitives et émotionnelles, afin de tenter de concilier les impératifs de production et les objectifs de qualité de l'entreprise, et cela dans un cadre contraint, où il ne maîtrise ni les objectifs ni les moyens.

 

Danièle Linhart a parlé très justement de "précarisation subjective". Il s'agit de reconstruire un sentiment de vulnérabilité identique à celui des précaires chez ceux qui ne le sont pas, et la formation professionnelle telle qu'elle découle de l'ANI entre parfaitement dans ce dispositif....

 

C'est peu dire que la FSU ne partage pas une conception aussi réductrice et aussi rétrograde de la formation, où la connaissance est exclusivement un facteur de production et où l'objectif de compétitivité de l'entreprise et l'intensification du travail qui en découle sont supposés coïncider avec le projet de vie et les attentes du salarié... j'aurais tendance à rajouter : que celui-ci le souhaite ou non.

 

D'autant que cette conception pose de nombreuses questions, que notre avis n'a pas souhaité évoquer.

 

Première question : le chômage -que nousavons tous à l'esprit- est-il bien le résultat d'une inadaptation de la formation professionnelle ? Comme d'autres, notre CESER se plait à jouer sur cette croyance en laissant entendre que les taux élevés de chômage seraient dus, pour une grande part, à la difficulté que rencontreraient les employeurs lorsqu'ils cherchent une main d'oeuvre adéquatement qualifiée.

 

Mesdames et messieurs, je vous ai ramené un graphique -je ne pourrai malheureusement pas le projeter, mais le président ne refusera pas qu'il soit joint au texte de ma déclaration- un graphique donc qui émane de la Commission Européenne et qui montre exactement l'inverse. Les taux de chômage sont bien correlés au taux de vacance d'emploi, mais négativement. En d'autres mots : les pays où il y a beaucoup d'emplois vacants ne sont pas ceux où il y a beaucoup de chômeurs mais, au contraire, ceux où il y en a relativement peu.

CESER PICARDIE : LE SPORT, L'ACCESSIBILITE ET LA FORMATION PROFESSIONNELLE A L'ORDRE DU JOUR

Pôle Emploi évalue d'ailleurs à 4% la part des offres d'emploi qui ne trouvent pas preneur faute de candidat, soit quelques 120000 offres seulement. Une éventuelle amélioration de l'employabilité par la formation professionnelle ne résoudra en rien le problème du chômage.

 

A propos des difficultés de recrutement, le rapport du COE -abondamment cité dans le projet d'avis- se garde bien d'incriminer exclusivement les problèmes de formation. Je cite, et c'est le texte que j'ai repris dans l'un de mes amendements : "De fait, lorsqu'on considère les métiers pour lesquels les projets de recrutement sont jugés difficiles, une majorité de ces métiers est associée à des facteurs susceptibles de réduire leur attractivité" (Rapport du cOE, p. 130). Et d'énumérer : la difficulté des conditions de travail, une organisation du travail favorisant les contrats courts, la faiblesse des rémunérations, la faiblesse des perspectives de carrière, la concentration de vertains métiers dans des territoires peu attractifs.... et j'en oublie certainement.

 

Dans ces conditions se pose une seconde question : la formation doit-elle être une simple adaptation aux souhaits des entreprises ou faut-il aussi -de manière symétrique- modifier les pratiques les plus inopportunes de celles-ci en aval ?

 

Ainsi -et ce n'est qu'un exemple- face à une croissance française à la fois faible et pauvre en emploi, les personnes les mieux formées acceptent souvent des emplois où elles seront surqualifiées, à la grande satisfaction des employeurs, qui font ainsi coup double. Ne conviendrait-il pas de réguler ces pratiques qui empêchent les moins qualifiés de trouver un emploi qui leur soit accessible et qui ne permettent pas à ceux  qui ont une bonne formation de contribuer pleinement au développement du pays ou de la région ? C'est le sens de mon amendement numéro deux, qui pose en réalité la question des bénéfices collectifs de la formation professionnelle.

 

La seconde caractéristique de la loi, c'est qu'elle instaure des droits individuels sans vraies garanties collectives. Ainsi lors de l'entretien professionnel par exemple, le salarié va se retrouver sans possibilité d'accompagnement et de conseil face à une ingénierie patronale s'exerçant dans le cadre d'une stratégie que les chefs d'entreprise -nous l'avons clairement vu lors des travaux en commission- entendent bien être les seuls à connaître.

 

Cette individualisation de la formation professionnelle est évidemment le corrolaire de la responsabilité personnelle quant à l'employabilité. Elle est cependant paradoxale, car dans les faits les variables structurelles (taille et secteur de l'entreprise, présence d'un marché interne et de chances de promotion) pèsent bien plus lourd sur l'accès à la formation que les variables individuelles.

 

Nous savons tous ici - et le Cereq l'a maintes fois souligné- que peu d'entreprises offrent à leurs salariés des conditions favorables au développement de leurs capacités à discuter en matière de formation.

 

Dans ces conditions, du fait de l'absence de garanties collectives et de droits nouveaux pour les salariés, susceptibles de modifier le rapport de forces aujourd'hui extraordinairement défavorable au monde du travail, la logique de coconstruction tant mise en avant dans l'avis, ne peut que rester un voeu pieux.

 

Chers collègues, en faisant comme si la crise n'était pas l'occasion pour les directions d'obtenir des concessions fortes de la part des salariés, en oubliant que derrière la formation se profilent aussi des enjeux de pouvoir, en nous limitant à une analyse hors sol, en dehors du monde social réel et de ses contradictions, nous contribuons en réalité à laisser les choses dans l'état où elles sont, tout en prétendant les changer.

 

C'était là mon premier point. Mon second point portera sur les enjeux concrets, et faute de temps, je n'en évoquerai que deux, qui me semblent essentiels.

 

Premier enjeu, que notre CESER a bien identifié, à savoir l'accès le plus large à la formation, en particulier celui de ceux qui en sont le plus éloignés. La loi, loin de viser l'égalité, ajoute de l'injustice à l'injustice en introduisant une proratisation selon la durée du travail. Ceux dont les besoins de formation sont les plus grands, les plus précaires -c'est à dire souvent les femmes- sont également ceux qui auront le moins de droits.

 

Même déficit pour les salariés des TPE. Selon le Cereq, 28% de ces TPE n'ont formé aucun salarié et 32% n'en ont formé qu'un sur quatre. Le problème va pourtant rester entier, puisque la loi conduit à un affaiblissement de l'effort de mutualisation, alors même que d'ici cinq ans les deux tiers des chefs des petites entreprises seront partis à la retraite et qu'il conviendrait de mettre leurs salariés en capacité de les reprendre, notamment dans l'artisanat.

 

Chers collègues, il ne sert à rien de déclarer -comme le fait notre avis- que ces publics -les femmes, les précaires, les salariés des TPE- devraient être prioritaires, si on ne propose rien pour déterminer d'abord, lever ensuite les obstacles qui justement empêchent qu'ils le deviennent vraiment, et qui sont d'une toute autre nature que le défaut d'information. Et je vous invite à relire l'évaluation du SPRO picard par le Cereq et sa conclusion : "Une condition apparaît ici centrale (...) c'est celle de la capacité pour la personne d'exprimer ses préférences et que celles-ci soient prises en compte". Et que celles-ci soient prises en compte : on est au antipodes de l'adéquationnisme qui irrigue tous nos travaux.

 

Second enjeu, insuffisamment traité à mon sens, celui de la qualité des formations. Certes le projet d'avis évoque un invraisemblable contrôle qualité effectué par les OPCA, qui n'ont pourtant aucune compétence pédagogique particulière et dont les liens avec les "financeurs" sont trop forts pour qu'ils puissent être des arbitres sérieux.

 

En réalité ce qui pèse sur la qualité des prestations c'est la logique marchande, la logique de rentabilité et de concurrence à laquelle sont soumis les organismes de formation. Et trop souvent c'est le moins-disant en termes de qualité qui l'emporte. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la FSU se prononce pour une démarchandisation de la formation professionnelle "tout au long de la vie" et la création d'un service public unifié de la formation initiale et continue, de manière à déboucher sur des diplômes effectifs et pas seulement des CQP de branche professionnelle. Il va sans dire que ces questions sont totalement absentes de nos réflexions.

 

Mesdames et messieurs, comme je suis obligé de terminer prématurément, je vais conclure de façon un peu abrupte. tout à l'heure, lors du vote nous nous prononcerons à la fois sur un constat accablant et sur une réponse qui ne l'est pas moins. Le constat, c'est que face à la souffrance au travail, les jeunes générations de salariés se désengagent. La loi, tout comme l'ANI, n'est pas autre chose qu'une tentative adéquationniste et autoritaire, et de ce fait inadaptée et sans avenir, de répondre à ce constat. La FSU ne votera pas le projet d'avis.

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 15:59

"Tu tiens un discours syndical, qui a sa place dans une réunion syndicale, mais pas dans une assemblée comme la nôtre". C'est ce que s'est vu répondre la FSU, lors de l'examen en commission des amendements à propos d'un avis à venir sur les enjeux de la formation professionnelle. 

 

Position curieuse et bien sûr inacceptable. Personne n'a jamais reproché aux représentants du MEDEF, qui ne manquent pas de se faire entendre, de tenir un discours patronal, sous prétexte qu'ils défendent les intérêts des chefs d'entreprise. Mais dès qu'il s'agit de défendre les intérêts des salariés, là c'est autre chose... 

 

Rien n'autorise pourtant à penser que la défense des intérêts des salariés est plus illégitime que celle des patrons et que les positions patronales sont moins catégorielles que celles des salariés et coîncident automatiquement avec l'intérêt général.

 

En réalité, l'intérêt général n'existe pas spontanément; il se construit (c'est le gagnant-gagnant) et cette construction ne peut se faire en niant d'emblée les divergences d'intérêt ou en enlevant leur légitimité à ceux qui les font apparaître. Elle suppose au contraire de prendre ces divergences au sérieux et de voir si on peut -ce n'est pas toujours possible- les surmonter (c'est le cas le plus favorable) ou en diminuer l'impact. C'est ce type de pratique qui devrait être la règle. C'est loin d'être le cas au CESER de Picardie.

 

C'est de bonne guerre, me direz-vous : le MEDEF ne cherche plus le compromis, mais entend passer en force. 

 

Vous n'y êtes pas du tout. L'auteur de la phrase n'est pas un patron, mais un syndicaliste.  Bonjour le double-language. Qui donc disait que notre époque était caractérisée par la perfection des moyens et la confusion des objectifs ?

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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 23:08

Plénière du CESER de Picardie ce 1er septembre. L'illettrisme était à l'ordre du jour et le constat de l'assemblée était accablant pour la politique du Conseil Régional, qui a simplement renoncé à lutter efficacement contre ce fléau, sous prétexte que c'était une compétence de l'Etat.  Résultat : non seulement l'illettrisme n'a pas reculé, mais il s'est vraisemblablement accentué parmi les jeunes, comme l'indiquent à la fois l'enquête IVQ (Information et Vie Quotidienne) de l'INSEE et l'évaluation exhaustive -elle touche tous les jeunes de 17 ans- effectuée lors des JDC (Journées de Défense et Citoyenneté). La Picardie est clairement la région de métropole la plus touchée, le phénomène frappant tout particulièrement les jeunes hommes et les jeunes de faible niveau scolaire.

 

Face à cette situation, le rapport-avis du CESER fait des préconisations, dont beaucoup sont intéressantes, mais laissent presque complètement de côté l'Education Nationale. Or on ne réduira pas le "stock" d'illettrés picard, si l'on n'en tarit pas la source, et celle-ci se trouve bien à l'école. L'école d'aujourd'hui avec ses dysfonctionnements, ses baisses de moyens, ses déterminismes que l'on ne parvient pas à réduire et son ascenseur social qui ne fonctionne plus.  Ne pas intégrer sérieusement l'école dans la politique volontariste qu'il s'agit de conduire est la meilleure façon d'aboutir à un échec. Or les préconisations du CESER portent beaucoup plus -même s'il affirme le contraire- sur l'action correctrice que sur la prévention, et pour la FSU c'est une erreur de perspective.

 

Dans ces conditions la FSU s'est abstenue sur un rapport-avis dont elle partage les objectifs, mais sans doute pas complètement les moyens.

 

A noter la réaction de la partie patronale à l'idée d'un plan de rattrapage pour l'éducation en Picardie : "ce n'est pas une question de moyens... certains pays font mieux avec moins". Il faudra s'en souvenir quand les mêmes viendront nous demander des aides publiques pour les entreprises. 

 

Ci-dessous la déclaration faite par le représentant de la FSU : 

 

Mesdames, messieurs,

Chers collègues,

 

J'avoue être aujourd'hui animé de sentiments contradictoires, face à un rapport-avis, qui pourtant devrait faire consensus tant le retard picard en matière de lutte contre l'illettrisme tient de l'évidence, un rapport-avis dont par ailleurs je partage beaucoup d'aspects, à la fois comme syndicaliste et aussi comme enseignant.

 

Je partage d'abord l'idée que cette lutte est urgente et indispensable et pas seulement pour des raisons d'attractivité ou de compétitivité économique, mais par rapport au type même de société que nous sommes amenés à construire et qui ne peut être fondé sur tout ce que l'illettrisme induit : l'inégalité, l'absence d'intégration... un citoyen illettré ne peut pas être un citoyen comme un autre.

 

Je partage aussi l'idée que cette lutte suppose une politique volontariste, cohérente et de longue durée, ce qui a manqué jusque-là en Picardie, et qu'il s'agit là non pas d'une dépense stérile mais d'un investissement pour l'avenir.

 

Je partage enfin l'idée que pour être efficace une telle politique doit marcher sur deux pieds et suppose donc à la fois une action correctrice et une action préventive.

 

Tout cela figure bien dans un rapport-avis qui pour une fois ne se contente pas de parler de gouvernance -cette forme contemporaine du "y'a qu'à"- et n'élude pas les nombreux obstacles qui tiennent aux réticences des acteurs eux-mêmes.

 

Pour ce qui concerne l'action correctrice, même si j'ai quelques regrets et quelques questions, le rapport-avis me semble aller plutôt dans la bonne direction. La sensibilisation de tous à la question de l'illettrisme s'impose d'elle même et la FSU soutient bien sûr l'idée de faire bénéficier les jeunes en situation d'illettrisme et qui sont sortis du système scolaire d'une formation rémunérée, de manière à créer les conditions de la réussitte. La priorité donnée aux jeunes demandeurs d'emploi et aux salariés découle des chiffres. Quant à la nécessité de l'évaluation, vous connaissez ma position depuis toujours.

 

Je voudrais néanmoins soulever une question peu abordée jusqu'à présent. Elle concerne le lien nouveau -et qui dans le rapport-avis est présenté comme une avancée- entre la lutte contre l'illettrisme et la formation professionnelle. Les deux démarches semblent en effet bien différentes et, dans le contexte incertain qui est le nôtre, réintégrer la question de l'illettrisme dans le rapport salarial et rajouter les incertitudes propres à l'évolution professionnelle aux réticences liées à la situation d'illettrisme elle-même risque d'être plus un obstacle supplémentaire qu'un élément facilitateur. Il faudrait rassurer, mettre des garde-fous, donner des garanties et vu le rapport de forces tel qu'il est aujourd'hui entre le capital et le travail on ne voit pas très bien qui pourrait les donner, et surtout pas les OPCA beaucoup trop proches des milieux patronaux. Mais sans doute reviendrons-nous sur cette question, qui peut difficilement rester sans réponse, lors de la discussion à venir sur la formation professionnelle.

 

En réalité mon vrai désaccord porte sur l'action préventive. L'image de l'école comme rempart contre l'illettrisme, où celui-ci est exclusivement vu comme un danger extérieur, est fallacieuse. L'illettrisme qu'il faut prévenir c'est celui d'aujourd'hui, et c'est un produit de l'école, du fonctionnement de l'école de 2015, avec ses baisses de moyens, ses déterminismes forts et son ascenseur social en panne. En ce sens il est bien différent de l'illettrisme d'hier, celui des générations anciennes, qui était un illettrisme par défaut, suite à une éviction trop précoce du système scolaire.

 

Or si l'illettrisme est aussi un produit de l'école, sa prévention doit d'abord se faire à l'école. Mais curieusement l'action préventive du rapport-avis est tout sauf préventive. En effet, qu'y a-t-il de préventif dans les écoles de la deuxième chance, dont le titre même indique que l'épisode de la première chance se termine par un échec? Qu'y-a-t-il de préventif dans les multiples actions périscolaires, sans doute soigneusement articulées avec les projets de territoire mais totalement déconnectées de ce qui se passe dans la classe et des difficultés réelles du jeune? Et que sont les EPIDE, si ce n'est l'école à côté de l'école et après l'école, avec un public choisi -puisque volontaire- et bien davantage de moyens. Et cela n'enlève rien à l'excellence du travail accompli.

 

Mesdames et messieurs, 

 

on ne récolte pas sans semer et ce n'est pas par hasard si Jaurès -qui vient d'être cité- s'adressait aux instituteurs. Nous ne pouvons pas nous contenter de glaner ça et là quelques épis malencontreusement tombés à terre, sans tenir compte ni des semailles ni de la moisson.

 

La lutte contre l'illettrisme se gagne à l'école et la surreprésentation des personnes de faible niveau scolaire et des garçons parmi les "illettrés" montre bien le lien fort qui existe entre l'illettrisme et l'école. Cette lutte ne peut se mener en dehors ou à côté d'une politique globale contre l'échec scolaire en général et le retard éducatif de la Picardie en particulier, surtout quand l'objectif est bien -et je cite à la fois le président Camine et d'autres intervenants- l'éradication de l'illettrisme.

 

Certes le Ministère de l'Education Nationale nous rassure et affirme que le retard picard se résorbe progressivement. Mais ceux qui connaissent les choses de l'intérieur savent ce qu'il en est, tant les injonctions faites aux enseignants pour peser sur les notations sont devenues habituelles et impératives. Les notes s'améliorent, mais pas forcément les savoirs, comme PISA vient nous le rappeler de temps en temps.

 

Face à ce retard qui persiste donc et dont l'illettrisme n'est que la manifestation la plus fâcheuse, j'avais propose en commission que le CESER insiste sur la nécessité d'un programme de rattrapage pour la Picardie, avec une dotation exceptionnelle traduisant une véritable volonté politique. Ce serait une belle manière de prolonger le succès que constitue le maintien d'un Rectorat à Amiens -succès auquel, je le dis en passant, la FSU a largement contribué- et de créer enfin cette synergie, qui a tant fait défaut dans la période récente, entre l'effort de la Région et celui de l'Etat. Ce serait aussi créer les conditions pour une vraie priorité donnée à l'école primaire -priorité que le CESER soutient- et cela sans mettre un peu plus en péril l'enseignement secondaire. Ce serait enfin un signal fort aux populations picardes pour dire que cette Grande Région -qui est loin de faire l'unanimité, vous le savez-bien- entend être au service de tous les habitants et de tous les territoires, en particulier ceux qui sont le plus en difficulté.

 

J'avais insisté dans le même temps sur la nécessité de renforcer l'éducation prioritaire, seul dispositif véritablement préventif, puisqu'il s'agit d'agir en amont, là où l'on sait que les difficultés vont apparaître, et qui a été mise à mal par les politiques successives de réduction de moyens avant d'être totalement vidée de son sens et consacrée à la lutte contre la violence, ce qui n'est tout de même pas la même chose. Il faudrait aujourd'hui -et c'est la position de la FSU- en revoir le périmètre, en fonction des besoins réels des élèves et au minimum lui redonner les moyens qu'elle a perdus.

 

Et puis sans doute faudrait-il aussi revenir sur cette soi-disant politique d'orientation tout au long de la vie qui déstructure au quotidien l'orientation scolaire, qui n'avait pas besoin de cela.

 

Aucune de ces propositions n'a été reprise. Allez-savoir pourquoi, car elles s'inscrivaient dans le droit fil d'un voeu ancien de notre CESER.

 

On va bien sûr me dire qu'il y a les prérogatives de nos commissions, et au-delà les compétences respectives de l'Etat et de la Région. Mais le cloisonnement institutionnel doit-il conduire à celui de la pensée? Je ne le crois pas.

 

En réalité le CESER-Picardie n'a tout simplement pas de pensée sur l'école, pas de vision de ce que pourrait-être une politique scolaire qui marche ou une pédagogie efficace, et c'est de cette absence que pâtit véritablement le rapport présenté aujourd'hui.

 

Il est pourtant clair que face au retard éducatif picard -et demain picardo-nordiste, car c'est loin d'être terminé- nous ne ferons rien de durable sans un système éducatif public qui fonctionne et ne se contente pas de multiplier à l'infini les béquilles périscolaires. Et cela passe inévitablement par le retour aux questions essentielles. Que faut-il enseigner aujourd'hui? Quels sont les savoirs nécessaires à l'honnête homme du 21ème siècle? Comment faut-il les enseigner? Les questions de gouvernance viennent après. Bien après.

 

Voilà ce que j'aurais souhaité retrouver ou au moins voir évoqué dans notre rapport. Car on ne gagnera pas la bataille contre l'illettrisme si on n'en tarit pas la source. De ce fait mon abstention lors du vote de toute à l'heure ne sera pas une manifestation d'hostilité vis-à-vis d'un texte dans lequel la FSU se retrouve en partie, mais la mise en lumière de ses limites, en espérant que le futur CESER de la Grande Région saura aller plus loin.

 

Pour finir un mot de remerciement. Pour une fois -et c'est une première- les contributions des uns et des autres -et parmi elles il y a celle de la FSU- ont été annexées au projet de rapport, et chacun a pu en prendre connaissance. Cela a au moins -au-delà de la plénière d'aujourd'hui- le mérite d'ouvrir la voie au débat, dans un CESER qui a souvent tendance à escamoter les pensées discordantes. Merci donc au président de la commission 5. Et merci à tous de m'avoir écouté jusqu'au bout.

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14 juillet 2015 2 14 /07 /juillet /2015 08:31

C'est par un courrier très court que la ministre Maryse Lebranchu a annoncé aux conseillers des divers CESER que leur mandat allait au moins perdurer jusqu'au 31  décembre 2016 et que dès janvier les CESER des régions fusionnées seraient formés par simple additions des conseillers des CESER existants. Un décret dans ce sens serait pris au troisième trimestre 2015.

 

C'est plutôt une bonne nouvelle : une telle période intermédiaire était évidemment nécessaire, ne serait-ce que pour élaborer un plan de travail et des principes de fonctionnement. Il est d'ailleurs hautement probable que cette période transitoire soit prolongée (le courrier de la ministre parle de période a minima) tant le fonctionnement des divers CESER est différent.

 

Tout cela pose évidemment bien des questions, et d'abord en ce qui concerne la période transitoire. Comment faire se réunir et fonctionner une assemblée de quelques 200 conseillers? Quel peut être le programme de travail d'une assemblée dont la durée de vie sera très courte et qui, compte tenu des élections régionales à venir, risque de se retrouver dans un environnement politique considérablement modifié? Comment une assemblée "type grande région" pourra-t-elle avoir des mandats provenant d'organisations qui n'auront pas encore opéré leur mue et resteront picardes et nordistes?

 

Autant de raisons de réunir le groupe de travail "gouvernance", mis en "stand by", tant il posait de questions inopportunes et pourtant incontournables. Car s'il y a la question de la période transitoire, il y a aussi et surtout le fonctionnement du futur CESER, qui, si l'on souhaite qu'il soit vraiment utile, devra se démarquer considérablement des CESER d'aujourd'hui.

 

 

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2 juillet 2015 4 02 /07 /juillet /2015 19:07

Face aux fusions de régions l'ensemble des CESER s'est mis à organiser des colloques et bien sûr le nôtre, de concert avec celui du Nord - Pas de Calais, n'a pas pu s'empêcher d'en faire autant. L'évènement a eu lieu ce mercredi à l'auditoriun du Nouveau Siècle (ça ne s'invente pas !) à Lille, devant quelques six cents "décideurs". Le terme est justifié : ils décident à notre place.

 

Que faut-il en retenir? D'abord les données du sondage réalisé pour La Voix du Nord et Le Courrier Picard -qui furent projetés dans la salle- et qui montrent que les picards sont de plus en plus sceptiques (53 %) face à la fusion, et celà malgré "l'opération Amiens-capitale", qui ne fut qu'une posture de "fusionneurs" cherchant à se dédouaner. Les picards ont compris qu'on les avait menés en bateau, que les économies seraient en réalité des coûts ( 67 % des picards craignent une ardoise très élevée et il y en a presque autant -64%- chez les nordistes) et que le choix de Lille ne faisait aucun doute. Ni les picards ni les nordistes ne croient à l'amélioration de la qualité de vie dans la grande région : la fusion n'est pas faite pour les gens, et c'est là que l'on rejoint un autre sondage -pas projeté celui-là- à propos des élections régionales à venir.

 

Le second constat concerne le projet c'est à dire les propositions supposées venir de la "société civile organisée" et que celle-ci soumet à la décision des politiques. Comme on pouvait s'y attendre, il faut continuer les efforts en faveur des entreprises, qu'il s'agisse de formation supérieure, désormais totalement phagocytée par la question de l'innovation (on propose de mettre les grands équipement de recherche à disposition des entreprises) ou de formation professionnelle, toute entière centrée sur l'employabilité ou encore de simplification administrative (lisez : assouplissement du code du travail). Tout pour l'entreprise, tout pour le marché : tel est le message.

 

Bien sûr il n'est pas question de service public ou de régulation du marché. Le chapitre "Une politique volontariste en matière économique" s'en tient au développement des ETI (entreprises de taille intermédiaire, allant de 250 à 5000 salariés) et à la transformation des PME en ETI. Et de citer le Fond Stratégique d'Investissement, les contrats de développement participatif, le Programme d'Investissement d'Avenir, l'aide à la réindustrialisation, les Primes d'Aménagement du Territoire.... Curieux volontarisme que celui qui consiste simplement à laisser faire le marché en lui donnant un coup de pouce de temps en temps, grâce à des fonds publics sans contreparties. Quant au lien social, il se réduit à la question de la lutte contre l'illettrisme. Rien sur les inégalités, rien sur la précarité, rien sur l'égalité entre hommes et femmes. La question environnementale, elle est, parait-il, transversale, ce qui permet de n'en parler nulle part.

 

Au final, un colloque où l'on n'aura appris qu'une chose : nos décideurs n'envisagent pas d'autre voie que celle suivie depuis des années, celle de l'austérité pour le plus grand nombre. Et le président Percheron de conclure en affirmant que "l'économie de l'offre, ça marche" ... à condition de faire la grande région.

 

"Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi", pouvait-on lire sur le tract CGT-FSU, distribué à l'entrée du colloque et qui citait Nelson Mandela. Il avait bien raison.

 

 

Vous trouverez ci-dessous le texte du tract CGT - FSU :

 

 

Adresse de la CGT et de la FSU aux forces vives de la société

 

Mesdames, messieurs,

 

Vous êtes invité-e par les CESER du Nord - Pas de Calais et de la Picardie à un colloque intitulé "Construire ensemble la nouvelle grande région - la société civile au coeur d'un grand projet".

 

Votre présence aujourd'hui est légitime en raison de votre expérience, de votre expertise et devos mandants.

 

Mais disons le clairement, cette invitation vient trop tardivement et l'objectif affiché du colloque est en totale contradiction avec la réalité.

 

Comment peut-on nous convier à construire ensemble alors que tout paraît déjà très ficelé. Les lois sont déjà votées, les réorganisations des services de l'Etat sont déjà bien avancées, etc. sans qu'aucune concertation digne de ce nom n'aît été engagée au préalable.

 

Pour nous, la démocratie ne peut pas et ne doit pas se limiter à un colloque aussi intéressant soit-il. Cette manière d'opérer s'apparente à un semblant de "consultation" visant à légitimer un grand projet qui concerne pourtant l'ensemble de la société, dans toute sa diversité.

 

Bien au contraire, la réforme territoriale aurait mérité, en amont, un large débat ouvert à toutes les composantes de la société.

 

C'est le moins que l'on puisse faire au sujet d'une réforme qui aura des impacts sur le quotidien de chacune et de chacun en matière d'emploi, de formation, de recherche, de logement, de transport, d'accès à la culture, aux services publics de proximité et de pratique de la citoyenneté.

 

L'histoire nous a appris qu'il fallait se méfier des projets élaborés sans l'apport des intéressés.

 

"Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi", affirmait Nelson Mandela. La réforme territoriale ne déroge pas à cette célèbre parole.

 

Elle cache, en réalité, un bouleversement de la République, dans ses fondements, telle qu'elle a été façonnée par l'intervention consciente des citoyennes et des citoyens.

 

Elle dégrade l'égalité, la solidarité et la fraternité, sculptées sur le fronton de nos mairies.

 

Cette réforme s'inscrit dans une conception de la construction européenne basée sur la concurrence des territoires qui a pourtant déjà fait ses preuves en termes de dégâts sociaux, économiques, culturels, environnementaux et démocratiques.

 

Les régions auront un pouvoir réglementaire en lieu et place de l'état. Cette disposition supprimera le principe d'égalité entre tous et fragilisera la cohérence nationale.

 

Le transfert et la concentration, sur un espace géographique restreint aux métropoles (Lille) des compétences, des ressources et des pouvoirs ne visent qu'à mettre à la disposition des grands groupes financiers et industriels les moyens d'augmenter encore plus leurs dividendes.

 

Il est facile d'imaginer ce que serait la vie en dehors des métropoles. Un vide, un désert où les conditions d'une vie épanouissante seraient absentes pour les populations qui n'auraient pas les moyens d'habiter dans ces méga villes. Ce n'est pas un aménagement du territoire, c'est un véritable tsunami territorial qui est en cours avec, entre autre, la baisse drastique des dotations de l'Etat aux collectivités.

 

L'effacement progressif et programmé des communes et des départements va éloigner les populations des lieux de débats, d'élaboration des politiques publiques de proximité, des espaces de décisions et accélérer un déficit démocratique très inquiétant.

 

On le constate, les besoins des salariés, des retraités et des privés d'emplois ont été ignorés.

 

Pour nous, il y a pourtant urgence à redonner de la vie à nos territoires à partir de la diversité de leur richesse humaine...

 

Comme nous, vous entendez régulièrement vos mandants s'exprimer sur leurs aspirations à travailler et à vivre dignement dans leur territoire.

 

Ils veulent :

- de l'emploi stable et durable,

- des services publics de qualité et de proximité,

- un développement industriel soucieux de l'environnement,

- une fiscalité plus juste et plus efficace.

 

C'est à partir de ces expressions qu'il nous faut travailler.

 

C'est la raison pour laquelle une nouvelle démocratie doit être imaginée et mise en oeuvre.

 

Une démocratie qui marie la proximité et la cohérence nationale.

 

Une démocratie qui se déploie dans tous les champs de la vie comme l'entreprise et les services publics.

 

Une démocratie qui permette à chacun-e de construire la société de demain à partir des exigences exprimées par ceux que vous et nous représentons.

 

Nous nous adresserons dans ce sens, dans les semaines et les mois à venir, aux salariés, aux retraités et aux privés d'emplois afin qu'ils puissent posséder les éléments d'analyse, nos propositions, et agir ensemble dans l'intérêt général.

 

En espérant avoir suscité votre intérêt, recevez nos sincères salutations.

 

Le mercredi 1er juillet 2015.

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26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 08:26

Le premier ministre a chargé la préfète de région d'effectuer un diagnostic régional, lequel est maintenant connu et qui est à la fois lucide et on ne peut plus accablant pour la politique régionale.

 

Le constat est sans concessions :"fuite des cerveaux", "région en souffrance", un PIB picard "qui décroche dès 1999 par rapport à celui du Nord-Pas de Calais (et même par rapport au PIB national)", des infrastructures de transport insuffisamment développées et "à optimiser", un secteur industriel "moins performant"..... Bien sûr il y a des causes structurelles, mais le diagnostic en évoque aussi d'autres : une implication insuffisante des élus trop centrés sur leur propre territoire, l'absence d'une stratégie globale, ...jusqu'aux anticipations négatives (ie risque qu'Amiens perde tout).

 

Ce diagnostic est aussi accablant pour le CESER, dont c'était la mission de mettre en lumière ce décrochage, d'en montrer les effets, d'en analyser les causes et de proposer une voie pour en sortir par le haut, ce qu'il n'a jamais fait. La seconde assemblée s'est contentée d'accompagner la politique régionale de recommandations -en matière de gouvernance le plus souvent- sans s'interroger sur le fond (les recommandations étaient-elles compatibles entre elles ?), sans les prioriser et sans les insérer dans une stratégie, ce qui les rendait totalement inutiles. Sous le prétexte de représenter la société civile, le CESER s'est trop souvent transformé en instance de lobbying, les conseillers défendant leur paroisse comme les élus défendaient leurs territoires.

 

Quatre causes sont à l'origine de ce ratage. D'abord la proximité -je dirais même la connivence- avec le Conseil Régional. Ensuite l'absence d'évaluation, aussi bien des recommandations précédemment proposées que de la politique régionale des élus, et le saucissonnage des analyses : au nom de la compétence en matière de politique du Conseil Régional, le CESER s'interroge par exemple sur "la formation tout au long de la vie", mais pas sur la déclinaison régionale de la politique de l'Education Nationale. Enfin le consensus apparent, qui empêche de fait la recherche patiente d'un consensus réel et même le simple rapprochement des points de vue en présence, le travail s'arrêtant au constat des désaccords lors du vote d'un texte, c'est à dire là où il devrait commencer. De ce point de vue il serait sans doute utile pour le CESER de Picardie de s'inspirer des efforts autrement patients et autrement utiles d'une Commission Nationale du Débat Public.

 

Mais nous en sommes loin et le CESER continue à éluder les questions et les difficultés. Le meilleur exemple en est ce qui s'est passé lors de la réunion des deux CESER de Picardie et du Nord-Pas de Calais, où toutes les questions qui fâchent (et qui sont justement celles qu'il faut résoudre) ont été soigneusement évitées. Le projet pour la "nouvelle grande région" est dans le droit fil de ce qui a été fait jusque là. Comment les mêmes mécanismes invoqués par les deux CESER à propos de la capitale régionale peuvent-ils conduire à des aboutissements aussi différents ? La question n'a pas été posée. Comment le citoyen peut être partant pour co-produire la nouvelle région, après avoir été soigneusement tenu à l'écart de toutes les décisions? Rien. Comment la politique d'équilibre territorial peut-elle être conciliée avec la concurrence entre région et quels dispositifs faudrait-il mettre en oeuvre pour cela? Pas davantage. Le bleu marine n'est pas près de disparaître de l'arc en ciel picard.

 

 

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23 juin 2015 2 23 /06 /juin /2015 18:51

Le projet pour la grande région Nord-Picardie est maintenant connu. Il n'y a pas de surprise : il s'agit bien de continuer à une échelle plus vaste ce qui n'a pas marché dans la "petite" région picarde. Droit dans nos bottes, comme disait l'autre.

 

Cette continuité sans faille a une triple dimension. D'abord il s'agit de poursuivre LA MÊME POLITIQUE, celle de la maîtrise des dépenses publiques, c'est à dire de l'austérité pour les collectivités, les services publics et au final pour les populations, en espérant que la simple augmentation de la taille engendrera des effets bénéfiques. C'est ce que les économistes appellent les économies d'échelle, tout en nous mettant en garde : les économies d'échelle ne se produisent pas toujours et parfois se produit même l'inverse -des déséconomies d'échelle, c'est à dire que l'entreprise devient moins efficace quand la taille s'accroît. Car il s'agit là de concepts d'entreprise. Les économies d'échelle sont susceptibles se produire quand la taille augmente, alors que rien d'autre ne change, et notamment pas la combinaison productive. On voit tout de suite que le concept n'est pas du tout adapté : il n'y a pas de production, pas de combinaison productive unique, et tout change en même temps. D'où viendront alors les milliards d'économie de M. Vallini? On se le demande.

 

La continuité concerne aussi LES METHODES. Jamais le CESER de Picardie n'a eu la moindre réflexion stratégique, tout en affirmant toujours le contraire. Car une stratégie ce n'est pas un étalage de bonnes intentions; elle comporte certes l'affirmation d'un objectifs (ou de plusieurs objectifs), mais avec en plus le cheminement pour y parvenir, avec le repérage des obstacles et les moyens de les surmonter. Jamais le CESER de Picardie n'a produit quoi que ce soit de tel. Et aujourd'hui, une fois encore, de concert avec celui du Nors-Pas de Calais, il se contente d'énoncer des objectifs, sans chercher à savoir s'ils sont compatibles entre eux. Peut-on espérer à la fois la rigueur au niveau des dépenses publiques et la présence des services publics, y compris dans les zones rurales ? Peut-on vouloir en même temps un développement équilibré des territoires et prôner la concurrence entre ceux-ci ? La durabilité écologique est-elle compatible avec la durabilité sociale? Tout cela permet de ne rien prioriser, de ne pas mettre en lumière les mécanismes que l'on entend mettre en mouvement, et comme ceux-ci ne sont pas clairement définis, on ne pourra pas non plus les évaluer.

 

La troisième continuité concerne LA QUESTION DES ACTEURS. Qui va faire ? Car c'est évidemment une supercherie que de parler de coconstruction de la future région. Comment espérer coconstruire quoi que ce soit, quand tout s'est fait jusqu'à présent en dehors des populations concernées, qui n'ont été consultées ni sur les objectifs ni sur les moyens. Toutes les réformes on été imposées par le haut, après des simulacres de concertation, où personne n'a eu son mot à dire et la réforme territoriale ne fait pas exception. Le CESER a toujours validé cette façon de faire, bien qu'elle ait en permanence montré ses limites. On dit aux gens ce qu'il convient de faire, et comme ils sont réticents, on se propose de les former. Cette méfiance vis-à-vis des vrais acteurs se traduit par la préférence constante pour la gouvernance, qui imprègne tout le projet. C'est aussi ce qui le fera échouer.

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