Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La FSU...

fsimage

Recherche

s'engage...

"La FSU fait sienne la conviction que notre époque est celle d’une prise de conscience par les peuples de l’unité de leur destin. Nombre de biens et de services sont appelés à entrer dans le patrimoine commun de l’humanité, ce qui appelle une large appropriation sociale et la mise en oeuvre de services publics à tous niveaux." (Congrès de Lille, 2010).

Archives

29 novembre 2015 7 29 /11 /novembre /2015 10:28

Le CFR de la FSU se réunira le jeudi 17 décembre 2015 au local du SNES, 25 Rue Riolan à Amiens.

 

L'ordre du jour comporte les points suivants:

Point 1 : Bilan des élections régionales;

Point 2 : Réformes territoriales et conséquences pour la FSU;

Point 3 : Préparation du congrès;

Point 4 : Questions financières.
Partager cet article
Repost0
26 novembre 2015 4 26 /11 /novembre /2015 10:34

Cela aurait dû être le débat le plus passionnant et le plus passionné, car l'enjeu est d'importance au moment où la financiarisation de l'économie "classique" empêche tout développement par le simple jeu du marché et rend inopérants les mécanismes habituels. Il n'en fut rien; le débat n'eut tout simplement pas lieu. 

 

La CGT et la FSU avaient pourtant déposé des amendements, qui posaient les quatre questions essentielles. Le développement local allait-il se faire dans le cadre exclusif du marché, comme le suggérait -en contradiction complète avec d'autres passages du texte- l'affirmation que l'économie de proximité devait toujours être concurrentielle ? Le développement local allait-il être celui du moins disant social et des petits boulots ? Le développement local allait-il être l'occasion et la justification d'un nouveau retrait de l'Etat et des services publics ? Enfin, le développement local allait-il conduire à une spécialisation clivante accrue des territoires, économie de proximité pour les territoires délaissés et économie de production de richesses ailleurs, et notamment dans les métropoles ? 

 

Les quatre amendements connurent un destin différent. Deux contre-amendements prirent plus ou moins en compte le double soucis d'éviter un nouveau retrait de l'Etat ("notamment pour tout ce qui concerne l'économie présentielle, en particulier la santé, la prise en charge de la dépendance, l'action sociale et l'éducation") et de parvenir à un développement équilibré des territoires.

 

En ce qui concerne le risque de moins-disant social, le CESER accepta que les activités ainsi créées ne conduisent pas à "des emplois précaires assis sur des activités sans viabilité économique réelle". Comme si la précarité des emplois étaient la conséquence d'une absence de viabilité économique. Pas question évidemment de remettre en cause l'employabilité comme préalable à l'emploi, même quand tout démontre que c'est une voie sans issue pour sortir du chômage de masse.

 

Quant à l'idée que l'économie de proximité puisse être autre chose qu'une économie "concurrentielle", elle fut vigoureusement rejetée, ce qui montre aussi le sérieux que la partie patronale accorde à l'idée d'économie plurielle, qui figure pourtant dans le texte. Mais le CESER n'a jamais été gêné par ce type de contradiction, qu'il affuble d'habitude du nom curieux de "consensus".

 

Au final, voyant qu'une bonne partie des ses propositions visant à clarifier les choses n'était pas retenue, la CGT et la FSU se sont abstenues.

 

Ci-dessous la déclaration commune CGT-FSU :

 

Mesdames et messieurs, chers collègues,

 

Notre projet d'avis se propose d'examiner à quelles conditions nous pouvons développer l'économie de proximité en Picardie bien sûr, mais aussi dans la perspective de la future grande région.

 

Il est sûr que la désindustrialisation, les menaces qui pèsent sur l'économie productive réelle du fait de la financiarisation, la nécessaire préservation des ressources naturelles et les contraintes de la transition écologique ainsi que l'urgence sociale -et c'est particulièrement vrai au moment où nous apprenons qu'il y a plus d'un million de pauvres en Picardie-Nord-Pas de calais- tout cela nous invite à chercher de nouveaux modèles de développement. D'autant plus que les potentialités apparaissent considérables, notamment en matière de création nette d'emplois, pour peu que l'on veuille bien envisager le développement _à notre avis nécessaire- de toutes ces activités utiles à la qualité de vie des picards et quele marché ne développe pas.

 

La CGT aussi bien que la FSU sont évidemment favorables aux objectifs que le projet d'avis met en avant, et je cite pêle-mêle : le développement local ("vivre et travailler au pays"), le développement durable, tant du point de vue écologique que social (et ça ne doit pas être seulement un slogan), les circuits courts et l'économie circulaire, l'économie collaborative, la création d'emplois non délocalisables et l'emploi accessible au plus grand nombre ... et j'en oublie sans doute. Aussi nos deux organisations soutiennent-elles l'orientation générale du document.

 

Mais "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément". Ce n'est malheureusement pas le cas en ce qui concerne notre projet d'avis et le moins que l'on puisse dire c'est qu'on aun peu de mal à s'y retrouver.

 

En effet rien ne garantit az priori qu'une économie à l'ancrage territorial fort -c'est ainsi que le document caractérise l'économie de proximité- corresponde automatiquement à l'ensemble des objectifs mis en avant, d'autant que le projet d'avis s'insère dans un cadre conceptuel que nous sommes loin de partager, puisqu'elle fait de l'économie de proximité "un facteur d'attractivité et de compétitivité des territoires". La CGT et la FSU récusent cette vision de régions juxtaposées en perpétuelle compétition les unes avec les autres.

 

L'économie de proximité sera ce que nous en ferons. En ce sens il y a derrière les choix que nous ferons dans ce domaine un réel choix de société et nous regrettons de voir le projet d'avis faire complètement l'impasse sur ces questions.

 

D'abord l'économie de proximité ne doit pas être celle du moins-disant social -ce qu'elle est encore trop souvent- mais au contraire une alternative vraie aux petits boulots. C'est dire que la question de la solvabilité des activités de toute une partie de l'économie de proximité est posée et c'est le sens de l'un des amendements que nous aurons à examiner tout à l'heure (amendement 2).

 

Mais cela suppose aussi de remettre au coeur de notre réflexion la question de l'emploi -pas de l'employabilité, mais del'emploi- et de partir de l'offre de travail telle qu'elle est en adaptant l'organisation de ces activités de proximité à leurs compétences. C'est aussi cela, travailler à partir des besoins des territoires dans le cadre d'une démarche ascendante et là les pouvoirs publics ont sans doute un rôle important à jouer.

 

De même, il nous paraît difficile de faire totalement abstraction de la responsabilité sociale des grandes entreprises dans le développement de l'économie de proximité.

 

En effet rien ne permet aujourd'hui de mettre en cause la responsabilité des firmes multinationales et de les contraindre à reconnaître et réparer les préjudices subis par la population et liés à leur activité.

 

Or leurs décisions économiques ont un impact fort sur les territoires de l'international au local. Il y a donc besoin de réaffirmer la nécessité d'avoir des outils favorisant la mise en oeuvre effective de la RSE : aides publiques conditionnalisées et contrôle et suivi de ces aides, par exemple.

 

Pour cela il y a également nécessité de réaffirmer la place et le rôle des organisations syndicales de salariés. Celles-ci ne sont pas citées dans notre rapport-avis; il nous semble pourtant qu'elles font partie des acteurs incontournables du développement local. Elles y ont été d'ailleurs depuis longtemps associées; déjà à l'époque des Comités de Bassin d'Emploi comme le rappelle d'ailleurs Piere-Marie Thobois dans sa contribution.

 

La création de droits syndicaux interprofessionnels pourrait ainsi permettre de donner aux syndicats de salariés les moyens de réinvestir des espaces de dialogue social territorial, à condition bien sûr que ceux-ci existent et qu'il y ait une volonté de les associer effectivement; ce qui n'est pas toujours le cas comme dans la composition des conseils de développement existants.Par ailleurs il est difficile de parler d'économie présentielle sans évoquer le service public de proximité, grand absent de notre projet d'avis, alors qu'il en présente toutes les caractéristiques que nous avons évoquées. Il répond aux besoins de la population. Il crée du lien social. Il contribue à structurer le territoire.

 

Par ailleurs ce développement de l'économie de proximité comporte aussi des risques et il convient demettre des garde-fous à certaines évolutions qui seraient préjudiciables aux buts même qui sont poursuivis. J'en évoquerai deux.

 

Notre première inquiétude concerne le lien fort entre l'économie de proximité et le territoire et l'accent qui est clairement mis sur le développement endogène. Je cite le projet d'avis : "Le développement local repose sur la capacité des acteurs locaux à s'organiser autour d'un projet, c'est à dire se fédérer autour d'un objectif de développement commun en mobilisant les potentialités et les ressources existant sur un territoire".

 

Cela risque de conduire à une spécialisation marquée des territoires : aux métropoles, les productions exportables, l'innovation...; ailleurs l'économie de proximité et une redistribution aléatoire et de plus en plus contestée.

 

Cet aspect n'est pas trop mis en avant dans le projet d'avis, mais figure en toutes lettres dans l'avis du CESE. Je cite : "Cette analyse dessine au fond deux France : une France productive, autour notamment des métropoles et des grands bassins industriels et technologiques, et une France résidentielle dont l'équilibre repose essentiellement sur l'afflux de revenus. Cette dichotomie fait dire à Laurent Davezies, lors de son audition du 24 février 2010- je cite toujours le CESE- : "Les métropoles assurent de la croissance sans développement, lles territoires périphériques assurent le développement avec peu de croissance". C'est pourquoi on a tort -c'est toujours le CESE qui parle- de considérer que les territoires ruraux vont mal et qu'il faut absolument venir à leur secours. En termes de présence, le monde rural d'aujourd'hui est aussi vivant qu'il l'était en 1955, avec des populations qui vivent sur place, qui consomment, qui font appel aux services, etc."

 

Ce processus divergent, vraisemblablement déjà enclanché et qui sera sans doute amplifié par la loi NOTRe, n'est pas souhaitable, parce qu'il conduit à un aménagement du territoire fondamentalement clivant. Il ne faudrait donc pas qu'une certaine conception de l'économie de proximité contribue à l'accentuer encore. Là aussi nous aurons à nous prononcer sur un amendement mettant en garde contre une telle évolution (amendement 4).

 

La seconde inquiétude est liée au désengagement de l'Etat. Le projet d'avis affirme certes que "les pouvoirs publics doivent tenir une place importante au sein de cette économie plurielle", mais on a souvent l'impression qu'il s'agit plus d'accompagner le retrait de l'Etat par une économie de proximité "concurrentielle et privée" qui se sunstituerait a minima aux services publics de proximité.

 

Pour la CGT et la FSU il serait tout à fait problématique de laisser s'installer -comme c'est malheureusement trop souvent le cas avec l'ESS- des réponses entrepreneuriales à des questions qui relèvent en réalité de l'action publique, notamment pour tout ce qui concerne l'économie présentielle, c'est à dire -et c'est loin d'être exhaustif- la santé et la prise en charge de la dépendance, l'action sociale et l'éducation... Là aissi un amendement vise à rendre les élus locaux attentifs à ce risque.

 

Chers collègues,

 

Le chemin vers le développement de l'économie de proximité est donc pavé d'embuches et nos deux organisations seront particulièrement attentives au sort des divers amendements  qu'elles présentent et qui visent à les éviter.

 

C'est aussi en fonction de la suite qui leur sera donnée qu'elles décideront d'apporter leur appui ou non au projet d'avis.

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 20:22

Elaboré dans des conditions difficiles, le plus consensuel des quatre projets d'avis examinés fut adopté à l'unanimité, bien qu'il ne fut pas exempt d'ambiguïtés. La lutte contre la précarité est-elle d'abord une affaire de femmes ou faut-il combattre la précarité en général  pour améliorer AUSSI la situation des femmes ? Le fait majeur c'est que la précarité grandit en intensité. Ceux (il faudrait dire celles, tant les femmes sont majoritaires parmi les précaires) qui sont précaires ne deviennent pas plus nombreux -la hausse est presque stoppée- mais leur précarité devient plus intense, comme le montre l'évolution particulièrement inquiétante du taux de rotation, avec toutes les conséquences psychologiques qui vont avec. Le vote des représentants patronaux est donc empreint de cynisme, leur main gauche, celle qui cajole les femmes le temps d'un vote, feignant d'ignorer que leur main droite multiplie les contrats précaires récurrents, en particulier dans les branches les plus féminisées. Mais ne faisons pas la fine bouche : alors que la condition féminine s'améliore sur le papier tout en ayant tendance à régresser dans la réalité, tout ce qui va dans le sens de l'égalité hommes / femmes est bon a prendre. La CGT et la FSU ont voté l'avis.

 

Ci-dessous, la déclaration commune CGT - FSU :

 

Mesdames, messieurs,

 

Les représentants CGT et FSU saluent la qualité du travail fourni, mais regrettent que la rapporteure ait eu si peu de temps pour le mener à bien, surtout si l'on compare aux autres études similaires.

 

Le rapport "Femmes et précarité en Picardie" présenté par la commission 5 confirme l'analyse du CESE au niveau régional, à savoir :

- le faible taux d'emploi des femmes augmente la précarité;

- la situation sociale est un facteur aggravant de la précarité féminine.

 

L'analyse du CESE soulignait cependant la prédominance encore tenace d'une société bâtie sur le modèle patriarcal, où l'homme détient le pouvoir dans la sphère politique, économique, sociale, familiale et même religieuse. Les représentants CGT et FSU regrettent que cette réflexion ne figure pas dans ce rapport, car ce caractère cumulatif des inégalités hommes/femmes est un élément essentiel de la condition féminine.

 

Par ailleurs nos deux organisations tiennent à dénoncer tous les intégrismes, quelle qu'en soit la nature, qui sont un obstacle à l'émancipation des filles et des femmes.

 

Les préconisations retenues par le rapport vont effectivement dans le sens de l'amélioration de la condition féminine en ce qui concerne des aspects aussi bien culturels et sociaux qu'économiques. Mais quel financement pour toutes ces actions préconisées ? Comment et avec quels moyens humains le futur Conseil Régional va-t-il s'emparer de cette question ?

 

Les maisons de service au public sont présentées comme une partie de la solution dans ce rapport. Mais croyez-vous qu'une femme qui n'a aucun moyen de transport, qui a des difficultés de lecture, va se rendre spontanément dans cette maison et consulter sans réticence un site internet ?

 

En Nord-Pas de Calais-Picardie, plus d'un million de personnes, soit 18,1% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Troisième région la plus peuplée, celle-ci possède le niveau de vie le plus faible en France métropolitaine. Quelle est la part des femmes dans cette étude de l'INSEE ? Il n'y a pas de données sexuées, mais gageons que l'INSEE suivra les recommandations de notre assemblée !

 

Etudier la précarité des femmes c'est aussi aborder le vaste sujet de l'égalité femmes / hommes. Qu'en est-il aujourd'hui ?

 

Malgré la loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes qui a permis de nombreuses avancées formelles, en 2015 le constat est inquiétant : 

- le ministère de plein exercice, dédié aux droits des femmes a été purement et simplement supprimé;

- l'ANI du 11 janvier 2013 donne plus de latitude aux entreprises pour licencier, et parce qu'elles sont plus nombreuses dans les emplois précaires et à temps partiel, les femmes sont encore une fois les plus touchées;

- pour les femmes, les politiques d'austérité mises en place sont à l'origine de nombreuses régressions, en matière de santé notamment, et conduisent à la remise en cause du droit effectif à l'IVG. Par ailleurs la loi du 6 aoüt 2015 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dite Loi Macron, impose et développe le travail du dimanche et le travail de nuit, augmentant la précarité et la flexibilité des travailleurs, mais surtout des travailleuses;

- la loi du 17 août 2015 relative au dialogue social et à l'emploi, dite loi Rebsamen, fait de la questionde l'égalité, une non-priorité, reléguée à une négociation tous les 3 ans, au lieu d'une fois par an, et dédouane ainsi les entreprises de toutes les insuffisances quant à la prise en compte de l'égalité professionnelle;

- l'ANI du 30 octobre 2015 relatif aux retraites complémentaires Agirc Arrco que nos deux organisations désapprouvent, impose à nouveau une mesure discriminante pour les femmes. Ces dernières gagnent toujours 27% de moins que les hommes, tout temps de travail confondu. Or qui dit inégalités salariales, dit faibles pensions de retraite : les femmes ont ainsi des pensions inférieures de 40% à celles des hommes. Elles ont encore aujourd'hui des carrières plus courtes que les hommes; elles partent en retraite en moyenne plus tard que les hommes. Toute augmentation de la durée de cotisation exigée pour avoir une pension à taux plein les pénalise donc plus fortement.

 

De même la décision de reconduire la sous-indexation des pensions pour trois ans encore va toucher plus gravement les femmes retraitées dont la pension s'élève en moyenne à 951 euros bruts par mois (1651 euros pour les hommes). Les femmes handicapées seront encore plus pénalisées; elles ont souvent une carrière hachée et des emplois à temps partiel, leurs retraites seront donc très réduites.

 

Pour nos deux organisations, il faut lutter contre la précarité des salariés en général. En 2011, près de 4,2 millions de salariés étaient à temps partiel soit 18,7% des salariés. Depuis dix ans, la part des CDD dans les embauches ne cesse d'augmenter, tandis que le recours aux CDD courts récurrents tend à devenir une norme pour certaines professions. Le taux de rotation de la main d'oeuvre a ainsi presque quintuplé sur 30 ans, passant de 38% en 1982 à 177% en 2011. 

 

C'est d'autant plus grave que ces emplois précaires, loin d'être un tremplin vers l'emploi stable, constituent le plus souvent une "trappe" pour ceux qui les occupent.

 

Nos deux organisations proposent l'effectivité du droit de l'égalité entre les femmes et les hommes, au travail et dans la vie. Cela suppose : 

- une réelle mixité des filières de formation initiale, ce qui nécessite aussi de déconstruire à l'école les rôles prétendûment "naturels" des hommes et des femmes;

- une réelle mixité des métiers pour les femmes et pour les hommes;

- l'interdiction du temps partiel imposé et de toute forme de précarité pour les femmes:

- un véritable déroulement de carrière pour toutes les femmes et un accès aux postes à responsabilité similaire à celui des hommes;

- la revalorisation des métiers à prédominance féminine, l'application du principe "à travail de valeur égale, salaire égal" ainsi que l'égalité d'accès à la formation continue qualifiante;

- un vrai partage des temps sociaux : vie professionnelle, familiale et sociale;

- le droit pour toutes les femmes de bénéficier de conditions de travail dans un environnement qui respecte leur santé, sans pression sexiste, sans harcèlement et sans violences sexuelles;

- une organisation du travail qui ne repose plus sur une division sexuée du travail.

 

Cette question concerne aussi nos organisations syndicales. La nécessité d'une représentation équilibrée femmes / hommes reste largement un objectif à réaliser.

 

Outre l'action des syndicats, d'autres initiatives sont à saluer : ainsi une avancée notable, passée largement inaperçue, a eu lieu durant l'été. Le sénat a adopté une proposition de loi visant à la reconnaissance de la précarité sociale comme 21ème critère de discrimination, répréhensible pénalement. En effet aujourd'hui on peut être exclu en raison de sa pauvreté; dorénavant, la victime de cette discrimination pourra faire jouer le droit en sa faveur.

 

La question de la place de la femme dans notre société est au coeur des préoccupations de nos deux organisations syndicales, aussi les travaux relatifs à l'évolution de la condition féminine et à son amélioration ont-ils notre soutien.

 

C'est pourquoi les représentants CGT et FSU voteront l'avis présenté ce jour.

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 15:59

Des quatre avis présentés, ce fut sans doute celui qui asséna le plus de certitudes contestables. Il était manifeste que le rapporteur n'avait pas de doutes et concevait difficilement que d'autres puissent en avoir. Schumpeter fut cité, en oubliant qu'il était favorable, non pas aux PME, mais au marché de monopole. Toujours est-il que l'innovation allait avoir raison de la crise, à condition toutefois que toute la société se mobilise à cette fin. D'où "l'impérieuse nécessité" de partenariats entre monde universitaire et les PME et la diffusion d'une culture de l'innovation (attention : cela commence dès l'école primaire). Il fallait aussi favoriser l'accompagnement des PME et multiplier les dispositifs de soutien (sur fonds publics évidemment). Mais le sommet fut atteint peu après, avec l'intervention de René Anger, Conseiller spécial du Président Gewerc, qui parvint à citer pêle-mêle -et visiblement sans en tirer le moindre enseignement- Keynes, Marx, Schumpeter et ... Attali. Ce dernier fut sans doute le seul à ne pas se retourner dans sa tombe, pour la simple raison qu'il est toujours vivant. Visiblement, ni le rapporteur ni le conseiller spécial ne se rendaient compte que tout en multipliant les références à ce qui était nouveau, ils proposaient des solutions éculées, qui étaient justement celles du monde ancien en train de disparaître. Pour toutes ces raisons et quelques autres la FSU a voté contre le projet d'avis.

 

La déclaration commune CGT-FSU : 

 

Mesdames et messieurs, chers collègues,

 

Développer les capacités de production et d'innovation collectives en créant les conditions d'une diffusion la plus large possible des connaissances, tout en garantissant aux citoyens une véritable information sur les enjeux et les choix, est une condition indispensable pour affronter les défis multiples qui sont devant nous. C'est à ce titre une préoccupation majeure pour la CGT et la FSU et c'est parce que c'est une préoccupation majeure que nous ne nous retrouvons pas dans le projet d'avis, comme vont le montrer les quelques remarques à venir.

 

Première remarque. Un constat simple s'impose à nous : jamais le progrès technique n'a été aussi fort et jamais la croissance n'a été aussi faible.

 

L’accélération de l’innovation ne se reflète pas automatiquement dans l’évolution de la croissance et de la productivité et encore moins dans celle de l'emploi, puisque la désindustrialisation se poursuit et s'accentue. Et le "paradoxe de Solow", que l'on peut formuler ainsi : "l'informatique est partout, sauf dans les statistiques de productivité", montre que cela vaut aussi pour le numérique.

 

Or ce sont bien ces questions là -celles de l'emploi et du progrès social pour tous- qu'il s'agit de faire avancer et non pas celle du progrès de telle entreprise au détriment de telle autre. La question est donc fondamentalement macroéconomique; or notre projet d'avis est presque entièrement centré sur des remèdes microéconomiques et qui plus est des remèdes que l'on administre déjà – cf. les cadeaux fiscaux que sont le CICE, le CIR, le Pacte de responsabilité- et qui se révèlent inopérants. Le CIR est ainsi passé de quelques centaines de millions à plus de 5 milliards sans que cette hausse ne se traduise par une augmentation conséquente de l’effort de recherche de la sphère privée.

 

Seconde remarque : les études empiriques -par exemple celle toute récente de Bruno Amable et Ivan Ledesma- remettent en cause la conception d’un système d’innovation, qui serait entièrement fondé sur des firmes privées. Dans les sociétés industrielles modernes, l’État joue un rôle spécifique, prenant des risques que les firmes privées sont incapables de prendre, notamment sur le long terme, et effectuant des recherches véritablement novatrices, susceptibles de conduire à des économies externes positives. C'est pourquoi la recherche publique ne peut se substituer à la recherche privée, ni prendre le risque d’être asservie par un secteur privé structurellement déficient en la matière.

 

Cette remarque est évidemment importante dans une région qui déplore la faiblesse de sa recherche publique, puisque de ce point de vue la Picardie est à la vingtième position parmi les régions françaises.

 

Troisième remarque : dans ces conditions, le financement public sur projet de l’entreprise peut être un instrument utile, à condition d'en garantir une réelle efficacité. Car les multiples dispositifs mis en place au cours de la dernière décennie ont surtout constitué des effets d’aubaine ayant permis aux entreprises de se décharger de tout effort durable de recherche sur les organismes publics. C'est pourquoi la contrepartie minimale associée à l’obtention de fonds publics pour développer une activité durable de recherche doit être une évaluation régulière du type de celle qui prévaut pour la recherche publique.

 

Quatrième remarque : la contribution de la recherche publique à l'essor de la société ne doit pas remettre en cause son indépendance et sa rigueur. Pour jouer pleinement son rôle, elle doit être libre du lobbying entrepreneurial, qui voudrait en orienter les résultats, d'autant que cette recherche ne se réduit pas à la recherche technologique : des pans entiers de la recherche publique poursuivent des finalités de connaissance, de formation, d'information, d'examen des évolutions sociales et culturelles indispensables à la société. Les moyens correspondants ne doivent pas être détournés de ces finalités. De ce point de vue aussi, on est assez loin des préconisations de notre projet d'avis.

 

La cinquièmeme remarque concerne les déterminants de l'innovation. Les variables qui apparaissent comme les plus significatives sont par ordre décroissant le secteur d'activité, la part des ingénieurs et cadres techniques, la taille selon l’effectif, le taux d’investissement et le taux d’exportation. La rentabilité économique n’est significative qu’à un seuil légèrement supérieur à 5 %. La taille selon le chiffre d’affaires et l’appartenance à un groupe apparaissent encore moins significatives.

 

Nous souhaitons insister particulièrement sur la part des ingénieurs et cadre techniques : disposer en interne de certains types de compétences semble favoriser davantage l’innovation que de les mobiliser via des sources extérieures. C'est pourquoi il faut maintenir et développer dans les entreprises une expertise technique et scientifique et pas seulement managériale. Et parce que l'innovation est d'abord une affaire interne, le développement de la recherche privée passera aussi par une mobilisation des instances représentatives dont disposent les salariés du privé, à commencer par les comités d'entreprise.

 

La sixième remarque concerne la dimension locale, qui est loin d'être prépondérante. Ainsi une étude portant sur des PME de la région Poitou-Charente constate que le poids du local dans les stratégies d’innovation des entreprises reste faible. Les PME innovantes s’appuient sur des réseaux de relations largement extraterritoriaux, à dimension plutôt nationale, voire internationale et il en va de même pour les coopérations technologisues, qu'elles soient réalisées avec des clients, des fournisseurs, des concurrents ou des institutions techniques ou scientifiques. Améliorer la synergie en région n'est donc pas forcément la réponse la plus adaptée.

 

 Pour nos deux organisations, le service public de l’enseignement supérieur et de la recherche ne doit pas être au service de la compétition exacerbée entre les territoires (compétition qui va s'accentuer avec la réforme territoriale), mais doit au contraire être l’un des éléments moteurs de leur développement social et sociétal. 

 

C'est pourquoi il faut à notre pays une politique industrielle, organisée autour de programmes porteurs intégrant les problématiques du développement durable. Le succès des grands programmes français dans l'aéronautique ou le spatial s'explique par la lucidité de la puissance publique sur les enjeux à venir qui a nourri l'ampleur, la continuité et la qualité de l'effort. Ni la mondialisation ni l'essoufflement de notre modèle économique ne sauraient nous dispenser de renouveler cet effort aujourd'hui.

 

Tout cela nous donne une image assez différente de celle de notre projet d'avis qui vise à réparer les défaillances du projet politique avec des rustines et cet aveuglement fait penser à l'histoire de cette personne qui cherche ses clés sous un lampadaire non pas parce qu'elle les a perdues là, mais parce que c'est le seul endroit éclairé de la rue.

 

Les représentants CGT et FSU ne voteront pas le projet d'avis.

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2015 3 25 /11 /novembre /2015 07:21

Réalisé dans la précipitation -comme l'ensemble des quatre projets d'avis examinés- du fait de la réforme territoriale fusionnant les régions et les CESER, le projet d'avis sur la réhabilitation des friches industrielles souffrait de nombreuses imperfections, comme par exemple l'absence de données exploitables couvrant la totalité de la région. Il manquait sans doute aussi d'envergure, ne faisant qu'effleurer la vraie question, c'est-à-dire l'artificialisation des sols. Il contenait néanmoins quelques préconisations utiles. La CGT tout comme la FSU ont voté favorablement.

 

Ci-dessous la déclaration commune CGT-FSU :

 

Monsieur le Président, cher-e-s collègues,

 

Les représentants CGT et FSU au CESER de Picardie partagent globalement le contenu de l'avis. Il souligne à juste titre l'exigence de protéger les sols agricoles face aux enjeux démographiques, alimentaires et environnementaux. Le maintien des surfaces agricoles, de leur qualité agronomique et les externalités positives qu'ils génèrent constituent des enjeux primordiaux dont le premier d'entre eux est la souveraineté alimentaire nationale et la réponse aux besoins alimentaires de la population en quantité et en qualité.

 

Les représentants CGT et FSU soutiennent une grande partie des préconisations relatives à l'état des lieux des friches d'activité en Picardie, à l'exception de celle prévoyant des financements régionauxpour la dépollution de friches afin de faciliter leur remise sur le marché sans que la responsabilité financière de l'entreprise, lorsqu'elle est connue, ne soit engagée. Nous refusons que l'argent du contribuable soit utilisé à réparer des situations qui relèvent de la responsabilité de celui qui a exploité le site.

 

Nous souhaitons souligner que les collectivités territoriales, principalement communales et intercommunales, sont les premières concernées par les opérations de réhabilitation des friches sur leurs territoires, qu'elles soient d'origine publique ou privée.

 

Mais, il s'agit d'un processus qui s'inscrit dans le temps long et dépasse la temporalité des mandats électoraux. La remise en valeur des friches procède d'une vision stratégique qui requiert à la fois une forte volonté politique et une démarche flexible et adaptative, plus qu'une programmation rigide. En conséquence, il est nécessaire que les collectivités concernées puissent s'engager, comme le prévoit d'ailleurs la loi, dans la réalisation d'un diagnostic le plus fin possible des potentialités de leurs friches au moment de consigner leurs orientations de développement à long terme dans leurs documents d'urbanisme. Ce diagnostic ne peut se limiter à une approche purement quantitative qui se réduirait au recensement des surfaces disponibles, mais devra, dans la mesure du possible, prendre en compte la qualité du bâti, ainsi que sa valeur architecturale et patrimoniale.

 

C'est en partant d'un tel diagnostic que les collectivités pourront concevoir et programmer leurs interventions à une échelle territoriale intercommunale, tant il est certain que les enjeux associés dépassent la seule échelle communale et concernent la cohésion territoriale de l'ensemble d'une aire.

 

Concernant les aspects sociaux et environnementaux il nous paraît nécessaire d'articuler la requalification des friches et la résolution des nouvelles problématiques sociales et environnementales avec la transition énergétique et le développement de l'économie circulaire et de veiller à ce que la mise en valeur des friches contribue à renforcer la mixité sociale au coeur même des villes tout en conservant par leur réhabilitation la mémoire ouvrière.

 

L'Hexagone se caractérise par des communes très nombreuses, souvent petites, mais dotées la plupart du temps des compétences d'urbanisme. Dans La ville émiettée, le sociologue Eric Charmes a décrit le mécanisme type de l'avancée du front périurbain. Dans un premier temps les communes rurales les plus proches des villes, administrées par des élus agriculteurs, accueillent des ménages urbains à la recherche d'habitat individuel hors des centres villes onéreux. Des terres agricoles sont reclassées comme constructibles à cette occasion et les propriétaires fonciers en tirent un profit immédiat. Dans un second temps, les nouveaux ménages périurbains deviennent majoritaires dans la commune et bloquent la constructibilité des terres pour éviter l'arrivée de nouvelles populations et la dégradation de leur cadre de vie. Les nouveaux ménages à la recherche d'un logement bon marché sont donc amenés à s'installer plus loin, dans d'autres zones encore rurales, où se reproduit le même processus.

 

Pour casser cette spirale nos deux organisations réclament aujourd'hui que les plans locaux d'urbanisme ne soient plus définis à l'échelle communale, mais intercommunale, de manière à mieux planifier, sur le long terme, la densité urbaine et la préservation des terres agricoles.

 

Par rapport aux préconisations relatives aux enjeux de lutte contre l'artificialisation des sols et de la maîtrise foncière en Picardie, les représentants CGT et FSU partagent les souhaits du CESER visant à fixer des objectifs de consommation économe de l'espace dans les documents d'urbanisme ainsi qu'à en permettre le contrôle, à établir des bilans chiffrés des changements d'affectation des sols sur le territoire et à garantir des zones de perméabilité des sols lors de nouveaux aménagements. Mais les représentants CGT et FSU appellent à élargir notre réflexion en considérant que nous vivons dans une région possédant les terres agricoles  parmi les meilleures de la planète (ce qui nous donne une responsabilité collective) et que l'agriculture costitue aujourd'hui un enjeu majeur pour l'humanité. Comment réussir à nourrir 9 milliards d'êtres humains à l'horizon de 2050 alors que déjà plus d'un milliard de personnes souffre de la faim et qu'il n'y a que 12% de terres cultivables dans le monde ? Comment produire suffisamment de nourriture sans porter atteinte à notre environnement et à notre santé en sachant que les rendements mondiaux n'augmentent plus malgré le gaspillage de l'eau et l'utilisation massive d'engrais et de pesticides ? Comment empêcher le libéralisme de dicter sa loi, aussi bien dans la production que dans la transformation des denrées agricoles.

 

C'est à la fois le mérite et l'inachèvement de ce rapport-avis, qui à partir d'une question telle que "la réhabilitation des friches d'activité en Picardie" propose une réponse partielle à un problème beaucoup plus vaste, à savoir l'artificialisation des sols. L'insatisfaction quant à la solution doit nous mener à étendre ce travail dans la dimension de la future grande région.

 

Les représentants CGT et FSU voteront l'avis.

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2015 2 24 /11 /novembre /2015 22:51

Dernière réunion plénière du CESER de Picardie aujourd'hui, puisque la prochaine sera une plénière du CESER de la nouvelle région fusionnée. Et séance interminable, où furent examinés successivement quatre projets d'avis, qui donnèrent tous lieu à une déclaration commune de la CGT et de la FSU, ce qui ne manqua pas d'indisposer quelques mauvais coucheurs. A commencer par la CFDT, dont l'un des représentants, sans doute excédé de voir la réunion s'éterniser, pensa faire de l'humour en annonçant : "déclaration commune de la CFDT et de la CFDT". Il eut été plus juste pourtant de parler de déclaration commune avec le MEDEF, tant les positions des deux organisations se rejoignent régulièrement. Mais c'est évidemment plus lourd à porter pour une organisation qui se prétend toujours "syndicale".

 

Cette pratique des déclarations communes, qui oblige les deux organisations à se concerter et à débattre des éventuelles divergences, est évidemment une avancée, nécessaire et peut-être salvatrice en ces temps troublés. Pourra-t-elle se poursuivre demain, dans le CESER unifié de la nouvelle région? La FSU le souhaite évidemment. Mais les obstacles sont nombreux : le fonctionnement effectif du CESER va sans doute être modifié, les rapports de forces aussi, alors que les cultures des organisations du Nord-Pas de Calais et de la Picardie sont différentes, tant pour la CGT que pour la FSU. Un défi de taille donc, qu'il faudra relever.

Partager cet article
Repost0
9 novembre 2015 1 09 /11 /novembre /2015 18:25

Bureau extraordinaire du CESER aujourd'hui pour adopter, dans la pire des précipitations,  un avis mal ficelé et sans contenu réel, puisque seule la Région a pu être auditionnée. Voilà qui va mettre un peu plus d'eau au moulin de ceux qui souhaitent la disparition pure et simple des CESER, sous prétexte qu'ils ne servent à rien.

 

C'est l'inverse qu'il faudrait faire. Chaque fois que le CESER a pu consulter largement, de manière à tenir compte de toutes les sensibilités qui traduisent la diversité de la société, ses avis ont été de qualité et souvent adoptés à l'unanimité. Ce fut malheureusement rarement le cas.

 

Dans ces conditions, la FSU et la CGT ont refusé de participer au vote.

 

Le texte de la déclaration commune CGT-FSU:

 

Chers collègues,

 

Si l'on en croit la présentation faite par notre site, "le CESER éclaire les décisions des élus locaux à la lumière de réflexions et d'études proposées par les forces vives présentes sur le territoire picard". Sauf, qu'en ce qui concerne l'agenda d'accessibilité programmée dont nous débattons aujourd'hui, il n'a même pas été possible à notre CESER de s'éclairer lui-même.

 

Rappelons les faits : le président du Conseil Régional a saisi le CESER par un courrier daté du 23 octobre et porté à la connaissance des conseillers lors de la plénière du 27 octobre, en vue d'un avis devant être transmis au Conseil Régional de manière à lui permettre d'en débattre lors de la séance du 13 novembre prochain. Cela nous laissait exactement quinze jours pour mener l'affaire à son terme.

 

Compte tenu de ces délais, il n'a évidemment pas été possible d'auditionner "les forces vives", et notre travail d'investigation s'est limité à entendre les seuls services de la Région. Il n'a pas davantage été possible aux conseillers qui sont mandatés par diverses organisations de les consulter toutes.

 

La CGT et la FSU considèrent que dans ces conditions, le CESER ne peut qu'émettre un avis de pure forme, insuffisamment fondé, ce qui dans les circonstances actuelles où la question de l'utilité de notre assemblée est ouvertement posée, n'est absolument pas souhaitable.

 

Les délais impartis conduisent par ailleurs à désaisir le conseil au profit du bureau. A la veille de la fusion des deux CESER en un CESER unique de presque deux cents conseillers, c'est un encouragement à utiliser cette procédure allégée, dont la CGT et la FSU considèrent qu'elle doit rester absolument exceptionnelle.

 

L'indépendance du CESER -à laquelle nos deux organisations sont particulièrement attachées- commandait par ailleurs de ne pas donner suite à une urgence de nature surtout politique. Au-delà des péripéties électorales, le CESER doit travailler dans la durée, prendre le temps, consulter largement, car la prise en compte de la société civile dans toute sa diversité conditionne le sérieux de travaux qui doivent être utiles à la Picardie aujourd'hui et à la nouvelle région demain.

 

Pour toutes ces raisons, la CGT et la FSU regrettent que le CESER ait donné une suite positive à la demande du président du Conseil Régional. Elle prend acte de l'agenda d'accessibilité proposé et ne participera pas au vote.

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2015 5 06 /11 /novembre /2015 07:09

Le décret concernant la coopération entre les académies d'une même région vient de paraître. Il réintroduit le risque d'une absorption de fait du Rectorat d'Amiens par celui de Lille, que les personnels ont largement rejetée. Vous trouverez ci-dessous la déclaration liminaire faite par la FSU nationale lors du Comité Technique Ministériel, ainsi que l'explication du vote contre.

 

Déclaration liminaire : Nous nous apprêtons à étudier un projet de décret sobrement intitulé « projet de décret relatif à l'organisation et à la coordination interacadémiques ». Sobrement, parce que le projet de décret va bien au-delà de ce que laisse entendre son titre ! Et il va même bien au-delà de ce que la communication en Conseil des ministres du 31 juillet dernier laissait entendre, certes en des termes parfois bien évasifs.


Pour nous, le scénario du pire, les fusions d’académies, a été évité. Cela ne règle pas toutes les questions, mais au moins, cela pouvait laisser penser qu’un travail sérieux serait engagé pour renforcer le modèle académique et effectivement assurer que la parole de l’Etat, de l’Education nationale en l’espèce, soit affirmée dans sa cohérence et son unicité face aux exécutifs régionaux dans les champs de compétences partagés ou intéressant les régions.


La mobilisation des personnels dans les académies menacées de fusion a témoigné de leur attachement à ce que la proximité de la mise en oeuvre de la politique de l’éducation nationale, les conditions de travail et d’exercice de leurs missions, la qualité du service public réalisé soient garantis et même renforcés.


Nous sommes porteurs de ces aspirations, de ces revendications, et de cet attachement au modèle académique et au service public ! Ceux-ci doivent être préservés et même renforcés.


Aussi, nous jugeons avec une grande sévérité le projet de décret que vous soumettez à la discussion. Il dépasse largement le cadre d’adaptation à la nouvelle carte des régions et au renforcement de certaines de leurs compétences. Il affirme les régions académiques au détriment des actuelles circonscriptions académiques, reprenant une logique de fusion que le gouvernement affirmait avoir écartée. Loin de consolider l’organisation des services déconcentrés, il ouvre au contraire toutes les possibilités à des mutualisations hasardeuses, sans cadre national, et qui concourraient, non pas à renforcer la proximité, mais au contraire à la mettre en cause. Cela, particulièrement dans le contexte d’insuffisance de créations d’emplois dans les services que nous connaissons !


Nous l’avons exprimé, nous craignons qu’à nouveau les logiques « d’économie d’échelles » sous-tendent des choix d’organisation, quand au contraire, il faut renforcer les services pour permettre de renforcer la parole et la capacité d’action de l’Etat dans un contexte de réforme territoriale « à la carte ».


La difficulté à expliciter clairement ce que sera dans la pratique l’articulation des autorités hiérarchiques et fonctionnelles à l’article 8 est emblématique des contradictions mêmes que le projet de décret ouvre.


Entre la délégalisation de la circonscription académique consacrée à l’article 1 et l’installation à l’article 5 la région académique comme étant de niveau supérieur, cela bouscule en dynamique l’organisation déconcentrée actuelle de notre ministère, fondée sur le modèle académique. En l’état, tout est possible et même le retour par la fenêtre de ce que la mobilisation des personnels a rejeté par la grande porte !


En tout état de cause, si celui-ci restait en l’état, si son esprit n’était pas modifié, nous appellerions les personnels à se mobiliser de nouveau pour défendre leurs missions et leurs services.

 

Explication de vote : Nous voulons solennellement exprimer qu’en refusant de faire évoluer sensiblement ce projet de texte lors de ce CTMEN, le trait a été mordu.


Il n’est pas acceptable de traiter de questions aussi sérieuses que les fondements de l’organisationdéconcentrée de notre ministère en niant ainsi l’expression des aspirations et revendications des personnels.


La construction de l’organisation de notre ministère s’est faite lentement. Vous choisissez la précipitation et d’aller au-delà des conséquences pour les services déconcentrés de la réforme territoriale, reproduisant ici la méthode erratique qui a présidé à l’élaboration même de cette dernière.


Ce faisant, ce sont les principes mêmes de l’organisation déconcentrée du ministère qui sont laissés aux bons soins de choix locaux, sans cohérence nationale. Ce n’est pas acceptable !


Nous en tirons donc toutes les conséquences, nous voterons contre le projet de décret et travaillons à l’issue de ce CTMEN à la mobilisation des personnels.

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 13:21

 

En seconde partie fut examiné le rapport-avis de la section prospective à propos des investissements du futur.

 

Les rapporteurs avaient fait beaucoup d'efforts, quitte à dire une chose et son contraire, pour rendre le thème inoffensif en apparence et donc acceptable, sans y réussir vraiment. On pouvait ainsi lire en conclusion : "Le choix d'une contraction des budgets publics peut en effet contrarier la demande macroéconomique et, en conséquence l'investissement. Il convient au contraire de réaliser de nouvelles dépenses publiques pour stimuler l'emploi, pour contribuer au développement des secteurs du futur, pour aider les entreprises à s'adapter au monde économique en évolution en évolution, pour créer un environnement qui leur soit favorable, ... ainsi qu'aux hommes." Heureusement que quelqu'un y avait pensé, sinon ils étaient oubliés.

 

Comme toujours le diable se cachait dans les détails. Pas une ligne sur la financiarisation, et les milliards -plus de quarante milliards distribués sous forme de dividendes- galvaudés dans les jeux spéculatifs et qui sont perdus pour l'économie réelle. L'austérité? Mais l'austérité n'existe pas pour tout le monde et la France n'a jamais été collectivement aussi riche. Alors l'urgence n'est-elle pas de sortir de la crise en redonnant du pouvoir d'achat à ceux qui ne peuvent plus consommer et en investissant dans les secteurs créateurs d'emplois utiles, de manière à répondre aux besoins individuels et sociaux ? 

 

L'intervention de la FSU, qui porta sur les questions de fond, fut sans doute pour quelque chose dans le flottement qui parcourut l'assemblée, bien au-delà des rangs syndicaux et qui obligea -fait rarrissime- la tribune à répondre autrement que pour la forme. Le rapporteur répéta : "ce qui ne va pas c'est l'absence de visibilité des chefs d'entreprise". Pourtant tout est parfaitement visible, même pour les patrons, dont les carnets de commande sont vides. Le président Camine entonna un autre couplet : "la question de la répartition est légitime, mais n'a rien à voir avec celle des investissements d'avenir". Tiens donc et pourquoi demander alors des financements publics, s'il n'y a pas de problème au niveau du financement ? 

 

Au final le rapport-avis fut adopté avec le soutien le plus faible que l'on puisse envisager au sein du CESER tel qu'il est aujourd'hui. La FSU a voté contre. La CGT, SUD et FO se sont abstenus.La CFDT a soutenu le projet. Comme toujours.

 

La déclaration de la FSU :

Mesdames et messieurs, chers collègues,

 

Vous connaissez tous, je suppose, la fable du scorpion et de la grenouille. Nous sommes face à une rivière et il y a là un scorpion qui demande à une grenouille de le transporter sur l'autre rive. La grenouille, d'abord un peu effrayée, accepte néanmoins : la piquer les conduirait tous deux à leur perte. Pourtant, au milieu de la rivière, le scorpion la pique mortellement. Pourquoi? Pourquoi? interroge la grenouille. "Parce que c'est dans ma nature...."

 

Mesdames et messieurs, c'est dans la nature du capital de s'adresser à l'Etat -qu'il passe son temps à dénigrer par ailleurs- pour obtenir les moyens de renforcer son emprise sur la société et, sous prétexte de soigner ses maux, de l'affaiblir et de la rendre plus fragile et plus dépendante encore. Notre rapport-avis en est une illustration quasi parfaite.

 

Le document comporte en effet deux parties : une première qui constate et qui explique -au moins partiellement- la stagnation de l'investissement et une seconde qui fait des préconisations.

 

Voyons déjà le constat. L'investissement stagne du fait des politiques d'austérité, "dans lesquelles l'Europe s'est enfermée", nous dit-on, et comme vous le savez, la FSU partage largement ce point de vue. Encore que cette explication soit insuffisante, car quand les revenus des uns -c'est à dire grosso modo les salariés- diminuent par rapport à un revenu national qui continue de grandir, la part des autres -c'est à dire des propriétaires du capital- augmente d'autant, de façon purement mécanique. L'austérité n'est jamais générale.

 

Les premiers éléments de compréhension se trouvent chez Keynes. Les hauts et les petits revenus n'ont pas le même comportement : les catégories populaires consomment l'essentiel de leur revenu -avec un SMIC c'est difficile de faire autrement- tandis que les détenteurs de capitaux épargnent. C'est moins difficile quand on a une retraite chapeau.

 

La stagnation de la demande à un niveau insuffisant s'explique donc par le freinage de la consommation : quand les inégalités grandissent la croissance des ventes de Chanel N°5 ne compense pas la chute de la consommation de pâtes alimentaires. Le fait qu'en Picardie le taux moyen d'utilisation des capacités de production soit à 70% confirme le rôle de frein que constitue cette demande insuffisante.

 

Dans un rapport adopté par le CESE et intitulé "Dynamiser l'investissement productif en France", le rapporteur Nasser Mansouri- Guilani signale qu'"un autre moyen de mesurer l'effort d'investissement consiste à examiner la façon dont les ressources dégagées au sein de l'entreprise -excédent brut d'exploitation net des charges d'intérêt et des impôts- sont employées pour réaliser les projets d'investissement productif et rémunérer les pourvoyeurs de fonds propres". Or de ce point de vue les données sont sans appel : l'EBE sert surtout à rémunérer le capital et cette tendance est d'ailleurs croissante.

 

Ainsi au second trimestre 2014, les entreprises françaises ont distribué rien de moins que 40,7 milliards d'euros de dividendes à leurs actionnaires.! A peine moins que le Budget de l'Education Nationale. Et une étude de Natixis (Flash Economie N°679 du 7 septembre 2015) répond de la manière la plus claire à la question des marges bénéficiaires : "le seul usage, pour l'instant, de l'amélioration des marges bénéficiaires des entreprises est la hausse de leurs réserves de cash (d'actifs liquides et monétaires)". 

 

Ce ne sont donc pas les moyens qui manquent et il y a bien "une déconnexion entre le comportement d'investissement des entreprises et leur situation financière", comme le signalait Nasser Mansouri-Guilani dès 2008. Comment l'expliquer? Par la financiarisation. Parce que la finance offre aujourd'hui de meilleures opportunités que l'investissement.

 

On voit aussi ce que cela signifie : au-delà des mouvements irrationnels totalement aléatoires, dans la longue durée les cotations à la Bourse sont régies par la loi de l'offre et de la demande. Le modèle économique propre à la financiarisation suppose que les acheteurs d'actions disposent de revenus tels que la demande de produits financiers augmente plus rapidement que l'offre, ce qui nécessite une redistribution du revenu national continuellement à leur avantage. On comprend alors mieux pourquoi les multiples réformes austéritaires ne sont jamais suffisantes et pourquoi l'austérité elle même appelle a plus d'austérité encore.

 

Si notre rapport-avis n'évoque jamais la financiarisation, il se situe néanmoins dans le droit fil de cette poursuite indéfinie de l'austérité.

 

Notons d'abord qu'il ne propose rien -du moins rien d'explicite- dans la seconde partie pour sortir du sous-investissement qu'il constate dans la première. Il se contente de dire "voilà où il faudrait investir.... si l'investissement voulait bien repartir.

 

Néanmoins on peut faire trois observations tout à fait parlantes : 

1. Les milliards du CICE n'ont pas suffi et c'est clairement de l'investissement public et d'aides publiques au privé qu'on attend une relance de l'investissement. Or comme l'austérité budgétaire accompagne l'austérité salariale, il ne peut s'agir que d'un nouveau détournement de la fiscalité au détriment d'un secteur public déjà à la diète et des dépenses de cohésion sociale, pourtant plus indispensables que jamais, et cela au seul profit des grandes entreprises.

 

De ce point de vue, la FSU se retrouve complètement dans le récent avis du CESE sur l'Etat de la France 2015, qui affirme que la structure de la dépense traduit notre adhésion collective à un modèle qui favorise la redistribution et qui joue un rôle considérable d'amortisseur en temps de crise. Je cite : "En aucun cas, la réduction des dépenses publiques ne doit peser sur l'efficacité des services publics, sur les moyens affectés aux missions régaliennes (justice, armée, impôt), ou sur les politiques publiques (éducation, transports, aménagementdes territoires, etc.) ou encore notre modèle social". Fin de citation. Le "tout pour l'entreprise" a ses limites et elles sont franchies depuis longtemps.

 

Dans ces conditions vouloir à la fois "desserrer la contrainte sur les budgets d'investissement des collectivités locales" tout en appelant à poursuivre les politiques d'austérité justement à l'origine de cette contrainte relève évidemment de la quadrature du cercle. C'est pourtant ce que prétend notre rapport-avis, tout en précisant, pour ceux qui n'auraient pas compris : "il faut savoir que les investissements ne peuvent être réalisés partout".

 

Ce n'est donc pas un hasard si aucune préconisation ne concerne les services publics, si ce n'est pour mettre ceux-ci au service de l'entreprise privée (par exemple, en proposant la relance de partenariats public-privé désastreusement coûteux, tout en prenant soin d'éviter leur évaluation, ce qui en dit long sur ce que l'on en attend).

 

2. Seconde remarque: le rapport-avis ne se donne absolument pas comme objectif d'opérer une quelconque réorientation quant à l'utilisation des marges; au contraire, il vise à la captation de fonds supplémentaires par de nouveaux moyens.

 

Au lieu de contribuer à la relance de l'investissement, ces nouveaux fonds publics iront, comme par le passé, alimenter la masse considérable de capitaux libres à la recherche de la rentabilité maximale, le puit sans fond des dividendes, des retraites chapeau et de la spéculation financière, contribuant ainsi à gripper encore un peu plus la machine. Et ce ne sont pas les propos lénifiants de Manuel Valls, déclarant que "les marges dégagées par les entreprises (...) n'ont évidemment pas vocation à être consacrées aux dividendes versés aux actionnaires ou à la rémunération des dirigeants", qui suffiront à inverser la tendance.

 

3. Troisième remarque : l'absence totale de référence aux besoins. Il n'est pas inintéressant de constater que le rapport-avis préconise le développement de certains secteurs, qualifiés de secteurs "porteurs" (porteurs de quoi? d'utilité pour tous ou de profits pour quelques uns?) et cela sans aucune référence aux besoins des populations picardes. C'est d'autant plus discutable que de nouvelles exigences sociétales fortes sont apparues lors des dernières décennies, telles que la préservation de l'environnement, le maintien du lien social, la prise en compte du vieillissement de la population ou des nouvelles formes de pénibilité du travail.

 

Mesdames et messieurs, en réalité, une vraie politique d'avenir c'est une politique apte à nous sortir de la crise.

 

Au rebours de ce qui nous est proposé, il s'agit pour la FSU d'assurer les investissements utiles par la mise en oeuvre d'un régime d'accumulation durable et efficace socialement et économiquement, ce qui suppose de changer de paradigme : c'est désormais la sobriété qui doit guider nos sociétés.

 

D'un point de vue environnemental, cela exige de réduire fortement les inégalités, à la fois par le haut (d'autant que ce sont les plus riches dont l'empreinte écologique est la plus élevée) et par le bas, ce qui implique d'investir massivement dans les productions les plus douces pour la nature et pour la société, avec une "discrimination positive" pour les productions durables et de la "désincitation" pour les autres. Rien àvoir avec la concurrence libre et non faussée.

 

La question-clé est de changer la répartition des revenus et la captation des richesses par les actionnaires qui en découle. Cela passe par l'augmentation des salaires, par la création d'emplois socialement et écologiquement utiles au moyen de la réduction du temps de travail, par l'extension des services publics, par l'augmentation des ressources de la protection sociale et une réforme vers une fiscalité plus progressive.

 

De façon plus générale, et je reprends là une proposition de Jean Gadrey, qui est professeur émérite à l'Université Lille-1 et membre du Conseil scientifique d'Attac, le "prendre soin" doit l'emporter sur le "produire plus". Cela veut dire "prendre soin" des personnes (de leur santé, de leur éducation, de leur autonomie), "prendre soin" du travail (de sa qualité et de son sens), "prendre soin" du lien social (depuis la solidarité de proximité jusqu'à l'accès à des droits universels liés à des biens communs), "prendre soin" des choses (à l'opposé de l'obsolescence programmée, les concevoir et les produire pour les faire durer), "prendre soin" de la nature et des biens communs, "prendre soin" de la démocratie (bien au-delà de la démocratie à éclipses d'aujourd'hui) et aussi "prendre soin" des savoirs (qui sont un bien commun et dont il s'agit d'éviter la marchandisation à tout-va)....

 

Une telle réorientation dépasse bien sûr le cadre régional, ce qui ne veut absolument pas dire qu'elle ne peut pas également se décliner régionalement. Et je vous rends attentifs au travail d'une équipe d'économistes et de sociologues dont le "Manifeste pour l'Emploi dans la Région Nord-Pas de Calais- Picardie et daté du 16 octobre 2015" ( http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/files/manifestevf.pdf ) propose simplement "de simuler l'emploi si la région atteignait les niveaux les plus élevés observés actuellement dans une région française" et qui montre qu'on pourrait ainsi créer 100000 emplois utiles en NPCP en cinq ans (par exemple 20000 emplois dans le domaine de la petite enfance si on s'alignait sur les Pays de Loire).  Pas sur les pays nordiques, très en avance; simplement sur les Pays de Loire. C'est dire l'ampleur des possibilités.

 

Au final, mesdames et messieurs les conseillers, le vote du rapport-avis qu'on nous propose nous met face à une question simple : il s'agit de savoir si nous voulons encourager le scorpion de la fable à piquer une fois encore. Ne comptez pas sur la FSU pour aller dans ce sens.

Partager cet article
Repost0
28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 08:05

Branlebas de combat au CESER hier, avec la présentation de deux avis, dont le premier s'interrogeait sur les évolutions du monde rural. Désertification ou mutation ? Mutation bien sûr, et même mutation indolore. Dormez braves gens..... non seulement il n'y a pas de raisons de s'inquiéter, mais nous avons les solutions. Gouvernance et numérique, voilà les mamelles des campagnes de demain. 

 

En réalité ce premier projet d'avis montrait surtout les insuffisances d'une méthode de travail propre au CESER : problématisation incertaine ne s'appuyant pas sur les travaux des chercheurs, démarche exclusivement curative avec traitement des symptômes apparents sans recherche des causes, évolution des textes au gré des majorités présentes dans la commission ad hoc, juxtaposition de points de vue contradictoires pour aboutir à un pseudo-consensus qui ne veut plus rien dire, le tout dans un soucis de ne déplaire à personne plutôt que dans celui d'être réellement utile. A l'heure où se pose la question de l'avenir des CESER, un débat sur ces questions ne serait pas inutile. Hélas, le groupe de travail "gouvernance" n'est pas disponible. Il planche sur le "futur règlement intérieur de la période transitoire". On ne se refait pas.

 

L'intervention de la FSU : 

Merci président. Mesdames et messieurs, chers collègues,

 

Si j'éprouve un sentiment de frustration et d'échec face à notre projet d'avis, c'est non seulement parce que le thème méritait mieux, mais aussi parce que le résultat traduit une nouvelle fois toutes les insuffisances d'une méthode de travail qui ne permet pas d'aboutir à quelque chose d'utile pour la Picardie aujourd'hui et la Grande Région demain.

 

J'en arrive à cette conclusion à partir d'un constat et dedeux convictions. Le constat, c'est l'importance grandissante des fractures, notamment territoriales. 

 

Ce phénomène a beaucoup plus de portée que ce qu'il advient de tel ou tel territoire considéré séparément. C'est tellement vrai, que si les découpages que l'on peut faire divisent encore les géographes (la France périphérique par opposition aux métropoles "mondialisées" et "gentifiées" selon Christophe Guilluy, les territoires à dominante productive, publique, sociale ou résidentielle si l'on en croit Laurent Davezies), la montée des fractures, elle, fait quasiment l'unanimité et personne ne porte plus l'idée d'un espace rural homogène s'opposant à un espace urbain lui aussi homogène. 

 

Ces fractures sont une menace, car ce sont elles qui sont à l'origine de l'avancée des communautarismes etdu délitement, aussi bien de l'esprit public que du lien social. Et je ne citerai pas certains sondages qui devraient nous faire prendre toute la mesure de la désespérance, du sentiment de désaisissement et des risques qui en découlent.

 

C'est d'autant plus vrai qu'ilne s'agit sansdoute pas d'une menace transitoire, car les mécanismes qui assuraient hier encore la cohésion ontprogressivement été vidés de leur sens. Ainsi la mécanique fiscale produit aujourd'hui une redistribution à l'envers, mettant de plus en plus à contribution les plus pauvres, et redistribuant largement ... aux plus riches, et tout particulièrement aux grandes fortunes. Quant à la péréquation entre territoires, elle est non seulement illisible mais de plus en plus inexistante, puisqu'elle passe essentiellement par le soutien à des projets qui ne sont que la traduction des moyens inégaux des territoires.

 

C'est dire que contrairement à ce qu'affirme le rapport, la question des fractures au sein du monde rural ne concerne pas seulement les ruraux, qui, parait-il, "devraient s'en saisir" et "y répondre par eux-mêmes". Elle concerne tout le monde car personne n'a intérêt à un aménagement du territoire fondamentalement clivant tel qu'il est en train de se mettre en place.

 

Face à ce constat, ma première conviction c'est que c'est une erreur profonde que de tenter d'y répondre par la "gouvernance", cette gouvernance par les nombres, qui est à la démocratie ce que le "bonsaï" est à l'arbre. Elle repose sur la prétention de quelques uns à parler au nom d'une rationalité -qu'ils n'hésitent pas à s'attribuer- et à priver un peu plus de la parole ceux qui ne parlent plus guère. A ce titre la gouvernance fait plus partie du problème que de la solution.

 

Je vous invite à relire (ou à lire) Alain Supiot, Qui montre avec beaucoup de pertinence, que face à cette ambition de "calculer" la loi (la substitution de la carte au territoire, pour reprendre son expression), il faut bien qu'il y aît quelque part une instance qui prenne en charge ce qui est justement incalculable (par ex. la dignité des personnes).

 

Aux antipodes de cette gouvernance, qui échappe complètement au débat public, il conviendrait au contraire de repolitiser ces questions territoriales, notamment en réaffirmant, comme le fait le CESE, la nécessité de redonner vie à une politique nationale d'aménagement du territoire et en lui fixant des objectifs ambitieux.

 

La FSU adhère totalement à cette exigence et notre avis picard aurait beaucoup gagné à la reprendre et à en préciser les objectifs en termes d'égalité entre régions et au sein des régions. C'est ainsi que le Schéma Régional d'Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SRADDT) de la région Nord-Pas de Calais prévoit d'élaborer une Direction Régionale d'Aménagement (DRA) sur la réduction des inégalités territoriales. Nous aurions pû -et nous aurions sans doute dû- aller dans le même sens.

 

Ma seconde conviction porte sur la tentation numérique, omniprésente dans le rapport, et qui serait la solution ultime -je cite- "au sentiment de délaissement des territoires ruraux". Certains parlent aujourd'hui de "République Numérique", et je ne résiste pas au plaisir de citer la secrétaire d'Etat Axelle Lemaire : "Mon ambition est de faire du numérique un grand sujet politique (...); dans le language des startups, ce projet serait "agile, user-centric and scalable". Voilà qui va incontestablement rassurer dans les campagnes.

 

En réalité la réponse anonyme d'un ordinateur ne remplace en rien celle d'un interlocuteur que l'on connait et avec qui on a établi des liens de confiance. Ainsi, même si tout n'est pas à rejeter ( l'idée par exemple, d'un géo-service public numérique est plutôt intéressante et à concrétiser), tout cela repose quand même sur l'illusion que la fracture numérique consiste en une inégalité d'accès aux tuyaux numériques, alors qu'en réalité il s'agit beaucoup plus d'une inégalité quant à l'usage. Et là il n'y a pas de mesure simple pour y remédier.

 

Notre CESER a bien sûr mordu à tous ces hameçons, avalant en même temps le leurre, la ligne et le bouchon...

 

Nous continuons à voir les espaces ruraux comme des entités homogènes. Je ne vais pas citer toutes les phrases qui illustrent dans le détail cette absence de prise en compte réelle des fractures grandissantes.... "L'avenir des territoires ruraux passera (...) par la capacité à parler d'UNE seule voix" (P. 35); "les conseilsde développement sont susceptibles de constituer un des éléments essentiels de LA gouvernance rurale que leCESER appelle de ses voeux (P. 37); "en l'absence d'UNE gouvernance permettant aux territoires ruraux de parler d'UNE seule voix (P. 41)... et cela réapparait encore P. 44, et dans la conclusion : "L'avenir se décidera à trois : la métropole lilloise, les aires urbaines et les territoires ruraux."

 

Maintenir cette perception d'un rural opposé à un urbain, c'est en réalité cultiver le terrain d'une crise politique majeure sur fond de repli identitaire, crise qui a d'ailleurs déjà commencé.

 

Même incertitude en ce qui concerne la politique d'aménagement telle que le CESER la conçoit. P. 61 on peut lire que "chaque entité agira pour tirer au mieux son épingle du jeu", mais attention "pas dans la concurrence". Comprenne qui pourra.

 

Le concept de gouvernance est partout, sans que soit jamais interrogés les effets qu'il produit, et notamment la perte de légitimité. Quelle est, aux yeux des citoyens, la légitimité d'un "Conseil de Développement"? Il est assez intéressant de constater que tous ces conseils, soi-disant au plus près du terrain et conçus justement pour tenir compte des spécificités locales, produisent tous les mêmes analyses, utilisent les mêmes concepts et aboutissent aux mêmes préconisations. Ce qui devait prendre en compte la diversité est en réalité un outil puissant d'uniformisation (et soit dit en passant, cette remarque vaut aussi pour les CESER).

 

Alors que la période récente est marquée par un net recul de l'Etat à travers de nouveaux transferts "déguisés" vers lescollectivités locales, l'associatif à but lucratif ou même le secteur privé -et de ce point de vue je ne peux que m'associer, pour éviter de redire la même chose, aux propos des intervenants précédents, notamment syndicaux, quant à la nécessité de défendre un vrai service public dégagé des contraintes de la rentabilité- la vraie réponse aux inquiétudes légitimes et parfois au malaise profond -qui conduit de jeunes français à aller faire le djihad je ne sais où- la vraie réponse c'est plus -et mieux- de démocratie.

 

C'est redonner -dans les campagnes et ailleurs- la parole à ceux qui en sont privés depuis longtemps. c'est revenir, au-delà du seul moment électoral, à la question fondamentale de l'organisation du pouvoir citoyen, qui ne se limite pas à l'orgnisation d'une délégation, mais implique, sur un mode actif et permanent, des formes de contrôle, de vigilance, d'évaluation et le cas échéant le pouvoir de remettre en cause ou d'infléchir. On ne trouve évidemment jamais trace de cette préoccupation dans un rapport qui jamais neva à l'essentiel.

 

C'est pourquoi je voudrais finir en affirmant que cette erreur de diagnostic n'est pas le fruit du hasard.

 

Notre projet d'avis est passé par des étapes successives. Au départ s'était imposée une problématique de la désertification, pas seulement la désertification au sens des géographes, mais aussi au sens de pauvreté des relations et des échanges, tel que l'avait par exemple bien identifiée Durkheim, quand il en faisait une cause des situations anomiques.

 

Nous sommes passés ensuite, par un glissement dont on n'a pas toujours mesuré la portée, à une problématique "des mutations", ce qui est très différent et qui a permis de revenir à un concept de ruralité unique, sujette à des mutations diverses et variées, dont quelques unes étaient encore préoccupantes.

 

Enfin nouveau glissement : les mutations ne présentaient plus qu'un risque potentiel, pour l'avenir; en même temps disparaissait  l'urgence et la volonté d'une solution globale.

 

C'est l'état de notre projet d'avis aujourd'hui, et je cite cette extraordinaire phrase de conclusion : "dans une société au sein de laquelle tout territoire est en concurrence avec son voisin, les territoires ruraux doivent se donner les moyens de répondre par eux mêmes à leurs propres besoins stratégiques. A défaut, la désertification qui n'est pas d'actualité aujourd'hui, sera leur réalité de demain."

 

Eh bien cet abandon ne suffisait pas. Et l'un des amendements -et qui a heureusement été rejeté par la commission- visait à faire disparaître aussi du texte la mention d'un risque potentiel. Tout va bien, Madame la Marquise ! Tout est pour le mieux en Picardie !

 

C'est cette propension à toujours positiver, même quand il y a le feu au lac, à toujours mettre le couvercle sur les problèmes, qui empêche notre CESER non seulement d'être utile, mais aussi d'être respecté. Il faudra bien qu'on en parle un jour.

 

Merci président, de m'avoir laissé aller jusqu'au bout.

Partager cet article
Repost0