Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La FSU...

fsimage

Recherche

s'engage...

"La FSU fait sienne la conviction que notre époque est celle d’une prise de conscience par les peuples de l’unité de leur destin. Nombre de biens et de services sont appelés à entrer dans le patrimoine commun de l’humanité, ce qui appelle une large appropriation sociale et la mise en oeuvre de services publics à tous niveaux." (Congrès de Lille, 2010).

Archives

28 mai 2016 6 28 /05 /mai /2016 17:56
CESER : CE DOCUMENT QUI A TOUT L'AIR D'UNE EVALUATION, QUE L'ON UTILISE COMME UNE EVALUATION, ET QUI POURTANT N'EN EST PAS UNE...

C'est à un curieux exercice que s'est livré le CESER Hauts de France lors de sa dernière plénière, à la demande, semble-t-il (car on a beaucoup de mal à démêler le faux du vrai dans cette affaire, sans saisine, sans écrit et où tout s'est passé de bouche à oreille) de X. Bertrand en personne. 

 

La version officielle c'est que c'est le nouveau président du Conseil Régional qui aurait demandé au CESER de se livrer à une "comparaison" des deux politiques régionales mises en place dans les deux anciennes régions Picardie et Nord-Pas de Calais, pour déterminer, dans chacun des secteurs d'intervention, celle qui était le plus efficace. Excellente initiative. Pour une fois que l'on se préoccupe d'évaluation....

 

Sauf que celle-ci devait intervenir d'ici fin mars .... 2016. Or une telle évaluation prends du temps. Il faut mettre en place un protocole, déterminer des indicateurs pertinents, associer les différents acteurs concernés... et, de l'avis général, tout cela n'était pas compatible avec des délais aussi brefs.

 

Il revenait donc logiquement au président du CESER de signifier au nouvel exécutif que la commande était irréalisable en l'état et de modifier le calendrier. Sauf que ce n'est pas ce qui s'est passé. On ne pouvait certes pas faire, mais on pouvait faire semblant. Et c'est ce qui a été fait. Le CESER a donc produit un document, qui sans jamais mesurer les effets des politiques en question, distribue les bons points et les moins bons. Un document qui a tous l'air d'une évaluation, que l'on utilise comme une évaluation, mais qui n'est pas une évaluation.

 

L'embarras transparait dans une introduction au document où l'on peut lire deux phrases parfaitement antinomiques : "Cette étude ne se veut absolument pas une évaluation des politiques publiques des deux anciennes régions (...) Le CESER, au travers de son travail, donne son avis sur ce qui lui est apparu comme les moyens non seulement les plus efficaces mais aussi et surtout ceux qui sont à même d'apporter le meilleur service pour l'intérêt des habitants de la Région..." Comment le CESER est-il à même de donner un avis sur ce qui est efficace et ce qui ne l'est pas, sans aucune évaluation ? On ne le saura pas. 

 

Tout cela n'est évidemment pas très sérieux et cette instrumentalisation discrédite le CESER, qui n'a sûrement pas besoin de cela au moment même où l'utilité de la seconde assemblée régionale est remise en cause par certains.

 

Le groupe de concertation FSU-Solidaires a fait la déclaration suivante :

 

Mesdames et messieurs, chers collègues,

 

C'est un document assez extraordinaire et en même temps assez révélateur que notre projet d'avis, puisque dans le paragraphe intitulé « sur la politique d'emploi...  » la question de l'emploi n'est même pas évoquée. On constate de la même façon l'absence de toute mention de ces questions fondamentales en ces temps de crise que sont la culture et le lien social. Trois lignes pour le sport et trois lignes -qui se résument à un service dédié-en ce qui concerne les associations, dont pourtant personne ici n'ignore les difficultés criantes. Et je pourrais poursuivre.

 

Il est vrai que la commande n'était pas simple, s'agissant d'une sollicitation qui tout en n'étant pas une saisine était quand même impérative et devait aboutir à déterminer les pratiques les plus efficaces, mais sans avoir pris le temps de les évaluer. C'est sans doute ce qu'on appelle l'état d'urgence.

 

Chers collègues,

 

Pour notre groupe, l'efficacité d'une action se mesure à ses résultats. C'est pourquoi nous appelons de nos vœux une évaluation sérieuse, exigeante, contradictoire, indépendante du calendrier électoral et qui se donne le temps et les moyens pour aboutir à des enseignements à la fois utiles et partagés.

 

Nous avons besoin de savoir si ce qui s'est fait en Picardie en matière de démocratisation de l'accès à l'Université a été efficace, car il ne s'agit pas seulement de faire réussir les étudiants d'aujourd'hui, mais aussi d'élargir le recrutement de nos universités à des catégories nouvelles.

 

Nous avons besoin de savoir si ce qui s'est mis en place en matière d'aide à la rénovation thermique touche un public qui sans cela n'aurait pas effectué les travaux ou s'il s'agit simplement d'un effet d'aubaine.

 

Nous avons besoin de savoir, de manière fine, si les multiples subventions aux entreprises de la région se traduisent réellement par des investissements nouveaux et de l'embauche et si l'effort considérable en matière de formation professionnelle conduit à autre chose qu'à l'augmentation indéfinie du nombre de salariés « employables ».

 

Etc. Etc.

 

Un groupe de travail a été mis en place dans ce sens. Cela représente à la fois une avancée et un enjeu considérable.

 

C'est aujourd'hui lui rendre un bien mauvais service que de voter un avis qui constitue un véritable succédané d'évaluation, ne répondant à aucun des critères précédents et visant plus à justifier des choix à venir de l'exécutif régional qu'à optimiser l'intervention de la collectivité territoriale.

 

Le CESER des Hauts de France n'a aucun intérêt à se laisser ainsi instrumentaliser. Les populations picardes et nordistes non plus.

 

Notre groupe de concertation ne votera pas l'avis.

Partager cet article
Repost0
26 mai 2016 4 26 /05 /mai /2016 05:56
POUR LE CESER LE BUDGET REGIONAL EST UN BUDGET D'ATTENTE, MAIS D'ATTENTE DE QUOI ?

Il y a d'abord les apparences, qui font l'unanimité au CESER : ce budget se caractérise par son opacité, qui ne permet pas de comparaison précise avec ceux qui l'ont précédé (et on ne voit pas bien -mais ça le CESER ne le dit pas- en quoi consiste le lien supposé entre le changement de présentation et le court temps de réalisation) et qui surtout ne permet pas d'identifier sur quoi portent les 300 millions d'économies à réaliser sur les dépenses de fonctionnement pendant la mandature.

 

Et il y a ensuite les caractéristiques fondamentales : priorité absolue au remboursement de la dette et soutien sans faille -et sans discernement- à l'entreprise. 

 

La priorité au remboursement -plébiscitée sans véritable examen par le CESER- repose sur l'idée que la réduction de la charge de la dette dégagera progressivement de nouvelles marges de manoeuvre. Mais ce raisonnement, de type "toutes choses égales par ailleurs", oublie qu'il y a aussi un effet récessif de la réduction de la dette, et que l'on peut bien se retrouver au final avec moins de croissance, plus de difficultés sociales encore et une charge relative de la dette toujours aussi écrasante. Un mécanisme perdant-perdant en quelque sorte, que l'on a pu observer partout où ce type de politique a été mis en oeuvre. Il a en particulier conduit l'ancienne région Picardie -à la gestion particulièrement prudentielle- à une décennie de décrochage par rapport aux régions voisines. Mais c'est là une donnée qui ne semble pas intéresser le CESER (le CESER de Picardie n'en a jamais débattu) et encore moins le conduire à un réexamen.

 

Le soutien à l'entreprise est aussi une "marque de fabrique" du CESER, dont le pragmatisme affiché consiste essentiellement à épouser les vues du Medef. Il n'est donc pas étonnant de le voir soutenir avec enthousiasme, malgré son caractère dispendieux, le nouveau "plan apprentissage" de l'exécutif régional, les nouvelles aides pour l'entreprise ainsi que les gadgets mis en place en matière de recherche d'emplois. 

 

Cette politique du tout pour l'entreprise n'a jamais marché, car elle fait fi de toute la complexité de notre société, complexité dont le CESER devrait pourtant être le défenseur invétéré, lui qui se réclame en permanence de la société civile. Et il y aura -il y a d'ailleurs déjà- un prix à payer pour ces simplifications outrancières, en termes de désespérance, de rupture du lien social et finalement de recul démocratique.

 

Loin d'être un budget d'attente, le budget du nouvel exécutif confirme donc et intensifie les choix précédents, en abandonnant totalement toute vocation contracyclique. En privilégiant la rigueur financière, il se situe aux antipodes de ce que devrait être un budget de lutte contre la crise, visant à satisfaire les besoins de la population en créant des emplois utiles et de qualité (y compris ceux que le marché ne finance pas) et à renforcer les garanties qui protègent, les solidarités et le vivre ensemble.

 

 

La déclaration faite au nom du groupe de concertation FSU-Solidaires :

 

Mesdames et messieurs, Chers collègues,

 

□ Après notre débat sur le Rapport d'Orientation Budgétaire, nous attendions tous une clarification quand aux économies considérables que le nouvel exécutif régional entend réaliser sur les dépenses de fonctionnement et notamment sur les dépenses de personnel.

 

Cette clarification n'aura pas lieu. Ce Budget Primitif est le plus opaque de tous ceux que nous avons, les uns et les autres, été amenés à examiner. Et contrairement à ce que dit notre avis, M. Bataille -malgré une certaine bonne volonté- n'a pas été en capacité d'apporter les éclaircissements indispensables.

 

Il faut condamner cette manière de faire qui est aux antipodes de ce qui est souhaitable.

 

□ Nous partageons par ailleurs un certain nombre de préoccupations du projet d'avis : l'incompréhension face à la baisse de 50% des dépenses d'investissement en matière de santé et l'inquiétude quant au devenir du Service Public d'Efficacité Energétique, les regrets face aux incertitudes à propos des projets de développement ferroviaire... Nous partageons le souci d'une réussite plus affirmée de nos étudiants. Nous nous réjouissons du maintien des aides en direction des familles de lycéens tout en nous inquiétant de voir l'arrivée d'une carte à puce au contenu à ce jour bien plus réducteur que ce qui se faisait avant....

 

□ Et puis il y a ce que nous ne partageons pas, et d'abord l'idée que la réduction de la dette, par un freinage drastique des dépenses, constitue un préalable indispensable à une politique porteuse d'avenir.

 

Au contraire, partout où elle a sévi, l'austérité budgétaire -en général conjugué avec l'austérité salariale et la disette monétaire, conformément aux dogmes bruxellois- a aggravé les problèmes qu'elle prétendait résoudre.

 

Ce n'est pas le remboursement de la dette qui créera du développement ; c'est au contraire le développement économique et social qui permettra de rembourser la dette. De ce point de vue, les 300 millions d'économie sur les dépenses de fonctionnement -c'est à dire sur la masse salariale- sont un signe extraordinairement négatif, quels que soient les services concernés. C'est l'intensification de ce qui ne marche pas.

 

□ Nous ne partageons pas non plus cette idée du « tout pour l'entreprise » qui imprègne de bout en bout le projet d'avis, peut-être davantage encore que le budget lui-même. Cela va du développement -à marche forcée et sans le discernement nécessaire- de l'apprentissage (je ne reviens pas sur notre amendement) jusqu'à une orientation visant exclusivement à adapter la formation professionnelle aux conditions du marché régional du travail en passant par de nouvelles aides à l'emploi... Le patronat n'aime pas l'emploi subventionné, sauf quand il en est le bénéficiaire.

 

Chers collègues,

 

Ce n'est pas l'entreprise qui crée l'emploi. Elle n'est qu'un intervenant parmi beaucoup d'autres dans le processus de la création d'emplois : le consommateur qui génère la demande, les institutions qui produisent (ou ne produisent pas) la confiance dans l 'avenir, les multiples choix collectifs qui font que la croissance est plus ou moins riche en emplois …

.

La société est trop complexe pour que l'intérêt d'un seul groupe social aujourd'hui hégémonique puisse la résumer à lui tout seul.

 

C'est pourquoi la FSU et Solidaires continueront à défendre l'idée qu'il faut investir dans des politiques porteuses de solidarité et visant à répondre aux besoins des populations.

 

Notre Groupe de Concertation ne votera pas l'avis.

Partager cet article
Repost0
14 mai 2016 6 14 /05 /mai /2016 08:21
LA PLUS STRICTE ORTHODOXIE FINANCIERE

 

C'est à une présentation aseptisée d'un Budget Hauts de France hors-sol et hors-crise que s'est livré M. Jean-Pierre Bataille devant les membres du CESER, comme si le simple retour à la plus stricte orthodoxie financière suffirait à lui seul à sortir la région de ses difficultés. Le jeu était d'autant plus facile que les conseillers n'étaient pas encore en possession des données sectorielles chiffrées.

 

Multipliant les stéréotypes ("on ne peut pas dépenser plus que l'on a"), allant jusqu'à citer Mme Agnès Verdier-Molinié, la grande prétresse du think-thank ultralibéral IFRAP, qualifiée de sommité économique, l'élu LR a donc surtout cherché à faire apparaître une rupture par rapport aux pratiques de l'équipe précédente, alors que l'impression qui se dégageait était au contraire celle d'une absence de stratégie claire, si ce n'est celle de faire des économies tous azimuts. 

 

Interrogé à propos d'éventuelles cessions d'actifs, notamment immobiliers -on pense tout de suite aux établissements scolaires- l'élu se voulut rassurant. Il y a bien un audit en cours, mais sans traduction dans le budget 2016, et de toute manière, il s'agit moins de vendre des lycées que d'optimiser leur utilisation, notamment en faisant cohabiter des élèves, des apprentis et des stagiaires de la formation professionnelle. Un audacieux mariage de la carpe et du lapin, méconnaissant totalement la spécificité de chacun de ces publics. Visiblement on n'a tiré aucune leçon de l'expérience malheureuse du service public régional d'orientation.

 

L'élu s'est aussi engagé à davantage de sincérité budgétaire. Trop souvent par le passé le compte administratif divergeait complètement du budget primitif dont il est supposé être le reflet, faisant apparaître des évolutions réelles aux antipodes de celles qui avaient été adoptées par les élus. "Je suis prêt à revenir devant vous et à expliquer les divergences, s'il devait y en avoir". Dont acte.

Partager cet article
Repost0
10 mai 2016 2 10 /05 /mai /2016 08:22
INQUIETUDES SUR LE DECROCHAGE SCOLAIRE

A entendre certains propos, on ne peut qu'être inquiet quant à l'autosaisine du CESER à propos du décrochage scolaire. "Pour répondre à la demande" (la demande de qui?), il faudrait faire vite, très vite, quitte à s'affranchir de l'analyse des causes, alors que le phénomène est particulièrement complexe et difficilement réductible aux poncifs habituels : l'école incapable de s'ouvrir à la société, les enseignants qui ennuient les élèves, les associations qui -elles- savent ce qu'il faut faire... Yaka, yaka, yaka....

 

A les entendre, et bien que l'école soit infiniment coupable selon eux, il faudrait quand même s'intéresser prioritairement à ce qui se passe en dehors de l'école.... Le décrochage scolaire n'est pourtant qu'une variante extrême de l'échec scolaire, et à moins de continuer à faire ce qu'on a toujours fait et qui n'a jamais été à la mesure du problème, c'est à dire la multiplication de dispositifs curatifs, coûteux et ne pouvant être généralisés, c'est bien à l'école que se mène la lutte quotidienne contre le flux annuel qui vient alimenter et entretenir le stock des décrocheurs.

 

Et si c'est à l'école que ça se gagne, alors il faut s'interroger sur l'école. Sur le grand écart entre les attentes démesurées qu'elle suscite -de la promotion des valeurs républicaines au vivre ensemble- et les moyens toujours plus limités qu'on lui donne. Sur la reproduction des élites et l'ascenseur social qui ne fonctionne plus. Sur les freins à la démocratisation. Sur l'illusion largement répandue d'une éducation qui pourrait être toujours ludique, agréable et facile. Sur les élèves au comportement anomique, qui ne dorment pas assez, qui n'arrivent pas à se détacher de leur portable, et qui parfois ne savent pas ce que l'on attend vraiment d'eux.

 

Ceux qui cherchent un dispositif clés en main, prêt à être utilisé se trompent. Une stratégie n'est pas une accumulation aveugle de dispositifs. Et l'on ne réduira pas le décrochage scolaire sans comprendre ce qui fait décrocher les décrocheurs.

 

 

Partager cet article
Repost0
5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 12:00
GENERALISER ... LES MAUVAISES PRATIQUES !

On connaissait déjà dans le monde économique la loi de Gresham : "la mauvaise monnaie chasse la bonne". Voilà qu'apparait son équivalent dans le domaine sociétal : "les mauvaises pratiques chassent les bonnes". 

 

De quoi s'agit-il? Le CESER -c'est vrai aussi bien en Picardie que dans le Nord-Pas de Calais- avait l'habitude de débattre en commission des amendements déposés par les uns et par les autres, avant de les adopter ou de les rejeter. Cela donnait lieu à des échanges souvent intéressants, parfois plus intéressants même que lors du travail préparatoire dans la même commission. Et cela n'empêchait pas le conseil de trancher définitivement en plénière.

 

Et voilà que le président ouvre la porte, pour l'ensemble des commissions, à la procédure de l'adoption ou du rejet par internet, jusque là réservée aux amendements de pure forme et qui ne  permet pas l'échange d'arguments, mais au contraire fige les situations, au point d'exclure même la possibilité du contre-amendement. 

 

Cet appauvrissement du débat est malvenu. Le CESER met toujours en exergue le consensus, qui serait sa marque de fabrique. Mais le consensus se construit et il n'y a pas consensus sans échange et sans confrontation. Cet appauvrissement du débat est d'abord un appauvrissement du CESER, qui décidément devient un peu moins utile chaque jour. On ne peut que le regretter.

Partager cet article
Repost0
25 avril 2016 1 25 /04 /avril /2016 06:04
LA VIRGULE EST UN PEU GROSSE...

On imagine souvent le CESER comme une institution ouverte, où les représentants de la société civile débattent dans le détail et de manière très libre des questions qui agitent l'opinion. En réalité il n'en est rien. Les débats sont la plupart du temps superficiels et extraordinairement corsetés.

 

Le sort réservé à l'amendement relatif au projet d'avis sur le Rapport d'Orientation Budgétaire et par la FSU et Solidaires en est un bel exemple. L'amendement -un amendement anti-austérité- avait été présenté dans les délais. On s'attendait donc à une réunion de la commission ad hoc, pour décider si l'amendement devait être retenu et intégré au texte ou au contraire rejeté. 

 

Ce n'est pas ce qui s'est passé. Sous le prétexte qu'il s'agissait d'un amendement unique (en fait il y en avait un autre, de dernière minute) on a décidé d'appliquer la procédure réservée à ce qu'au CESER on appelle les "amendements virgule", ceux qui portent seulement sur l'orthographe ou la syntaxe. On a donc remplacé le débat et le vote par une espèce de vote indicatif par mail, où la direction fut seule à avoir connaissance des divers échanges. On nous annonça le lendemain en plénière : 13 contre et 3 pour. On ne sait pas qui a "voté"; on ne sait pas comment les gens ont voté; aucun argument n'a pu être échangé. Bonjour la transparence. Bonjour le débat.

 

En plénière, on projeta longuement l'amendement de dernière minute sur grand écran, affublé de ses dix signatures indispensables; pour l'amendement anti-austérité, rien de tel. Il n'avait pas besoin de signatures, puisqu'il avait été déposé dans les délais, et il n'avait sans doute pas non plus besoin d'être projeté.

 

Plus tard les instigateurs de cette petite manoeuvre reconnurent qu'il s'agissait d'une erreur. "Nous sommes encore en train d'apprendre".... Non. Ils n'ont pas besoin d'apprendre. Ils savent faire et ils font ça très bien.

 

 

Ci-dessous le texte de l'amendement - virgule.

 

L'amendement proposait de remplacer le paragraphe :

 

« Le CESER s’interroge cependant sur les contours de la priorité donnée dans ce rapport à la maîtrise des dépenses internes, au premier rang desquelles figure la masse salariale »

 

par le texte suivant :

 

« Le CESER s’interroge sur la pertinence de ces mesures récessives -au premier rang desquelles figure une fois encore la compression de la masse salariale et la réduction du nombre des fonctionnaires territoriaux- qui interviennent dans un contexte de faible croissance et d’anticipations négatives de la plupart des agents économiques, et qui de ce fait ne peuvent qu’accentuer le chômage massif qu’elles sont supposées réduire et la désespérance d’une partie croissante de la population. »

 

Partager cet article
Repost0
23 avril 2016 6 23 /04 /avril /2016 07:10
PLENIERE DU CESER : L'INTROUVABLE SOCIETE CIVILE

"C'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes". Telle semble être la nouvelle devise du nouveau CESER, incapable de dire à Xavier Bertrand que rajouter la rigueur régionale à l'austérité nationale n'était pas la meilleure manière de lutter contre le chômage et pour la reprise.

 

Comme il ne parvenait pas à le dire -"je te tiens, tu me tiens par la barbichette" oblige- il n'a rien dit, se contentant de constater. Bien sûr, il a fallu quelques contorsions tactiques. Contorsions de ceux qui disant, la main sur le coeur, qu'ils étaient contre, votaient néanmoins pour : un vieux classique au CESER. Contorsions de ceux qui , en lobbyistes avertis, étaient prêts à accepter toutes les économies, dès lors qu'elles se faisaient chez le voisin, et qui ne serons rassurés ou déçus que lors de l'examen du budget primitif.

 

Où était l'intérêt général dans tout cela ? Où était cette société civile, dont au CESER on nous rabache en permanence les oreilles ?

 

Finalement le plus encourageant fut l'accueil que reçut l'amendement anti-austérité présenté par Solidaires et la FSU et qui, malgré quelques avanies et quelques vilenies de ceux qui étaient chargés de l'organisation du débat, recueillit 34 suffrages, c'est à dire bien au-delà de ceux qui dans le collège syndical donnent habituellement de la voix. 

 

Ce rassemblement est nécessaire au CESER -et sans doute ailleurs- si l'on veut dépasser l'hégémonie sans partage du MEDEF. Il est aussi possible, si l'on respecte les spécificités de chacun. Il faut donc y travailler.

 

 

Ci-dessous l'intervention commune de Solidaires et de la FSU :

 

 

Mesdames et messieurs,

Chers collègues,

 

Ce que les gens attendent du nouvel exécutif des Hauts de France, c'est une politique régionale qui contribue à la sortie de la crise, avec des mesures qui s'attaquent à ses causes et d'autres qui en réduisent les effets.

 

Or nous n'avons rien de tel.

 

Au contraire, ce qui est annoncé, au-delà d'une rupture exclusivement verbale avec le passé, c'est la poursuite des politiques antérieures qui, aussi bien dans le Nord-Pas de Calais qu'en Picardie, n'ont pas fonctionné, puisque la grande région reste aujourd'hui la plus pauvre, celle où le chômage est le plus massif et où les indicateurs sociaux sont les plus dégradés.

 

La soi-disant "maîtrise des dépenses budgétaires" va donc continuer, et avec elle l'étranglement des collectivités territoriales et des services publics.

 

Il faudrait s'attaquer aux inégalités; on nous annonce clairement un tour de vis de longue durée quant à la masse salariale, avec tous les effets récessifs qui vont avec, et celà, quels que soient les choix sectoriels qui seront effectués demain.

 

Contrairement à ce qu'affirme notre avis, il n'y a aucune mise en place d'une stratégie pluriannuelle de redressement. Le rétablissement des comptes publics est présenté comme un préalable à toute action d'envergure.

 

On ne trouve rien sur la dette écologique. Rien sur la dette sociale vis-à-vis de tous les laissés-pour-compte des multiples réformes qui à chaque fois aggravent les choses, en particulier pour notre jeunesse. Rien sur la façon de redonner des commandes et non pas des subventions à nos PME. Rien sur la manière de redonner de l'espoir à tous ceux qui ne croient plus à la parole publique.

 

Chers collègues,

 

Notre commission s'est focalisée sur la dette. Elle l'a scrutée. Elle l'a analysée. Et pourtant elle ne l'a pas vraiment vue. Car elle n'est pas dans les comptes.

 

La vraie dette, elle est du côté de la désespérance, des besoins non satisfaits, du mal-logement, de l'illettrisme et des défaillances du système de santé.

 

Et tout laisse à penser, que pour les générations à venir, cette dette là sera une charge bien plus lourde que les quelques millions que nous n'avons pas su ou pas voulu trouver.

 

Les représentants FSU et Solidaires ne voteront pas l'avis proposé.

 

Partager cet article
Repost0
20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 17:36
CETTE DETTE QUI EN CACHE UNE AUTRE...

Xavier Bertrand n'aura été keynésien que quelques instants, le temps de rencontrer le bureau du CESER, avant de renouer avec la stricte orthodoxie libérale à l'occasion du rapport d'orientation budgétaire, qui est maintenant connu, et sur lequel le CESER doit se prononcer vendredi.

 

Totalement focalisé sur la dette, au point de faire de son remboursement un préalable à toute action d'envergure pour relancer l'activité économique et réduire le chômage, c'est un plaidoyer pitoyable du type "voyez la situation qu'on nous laisse !" et ce n'est rien d'autre. Les mesures économiques annoncées se limitent à 300 millions d'économies sur la durée du mandat. 

 

C'est oublier un peu vite que les dépenses des uns sont les revenus des autres et que les économies ainsi faites vont aussi constituer un manque à gagner pour les acteurs économiques. Axées prioritairement sur les dépenses de fonctionnement, elles affecteront dans un premier temps essentiellement les salariés, avant de se répandre par un effet boule de neige dans toutes les couches de la société, au point de freiner un peu plus cet investissement que l'on prétend préserver et de finir par appauvrir tout le monde, exception faite des spéculateurs, qui continueront de faire leurs petites affaires à Panama et ailleurs. C'est cette logique là qui étrangle la Grèce, même si les conséquences prévisibles de cette austérité régionale venant renforcer l'austérité nationale ne sont heureusement pas encore de la même ampleur.

 

Car on ne protège pas les générations futures en aggravant -pour être dans les clous de Bruxelles- le déficit social, écologique et citoyen (la vraie dette en réalité) et en renforçant encore un peu plus la désespérance et la défiance. Espérons que le CESER, qui se targue en permanence de représenter la société civile, saura s'en souvenir et remettre l'intérêt de tous au centre du débat.

 

Partager cet article
Repost0
6 avril 2016 3 06 /04 /avril /2016 08:58
BUREAU DU CESER : SEANCE DE QUESTIONS-REPONSES AVEC X. BERTRAND

Mardi la réunion du bureau du CESER s'est transformée en séance de questions-réponses avec Xavier Bertrand. Réunion sans doute utile, mais qui l'aurait encore été plus si elle avait eu lieu en plénière, face à l'ensemble des conseillers. Cette marginalisation des représentants de base, que l'on informe rétrospectivement certes, mais qui depuis janvier ne participent plus aux prises de décision, pose problème. Il faudra y revenir.

 

Le nouveau président du Conseil Régional a présenté une fois encore un projet déjà largement détaillé pendant la campagne électorale, assez éloigné des positions de la FSU même si celle-ci peut se reconnaître dans tel ou tel aspect. Il a insisté sur la nécessité d'une stratégie globale pour la région, ce qui est certainement ce qui a manqué le plus au cours des années passées. A noter également une prise de distance avec "l'économie de l'offre". "Je suis keynésien... il y a un vrai problème de pouvoir d'achat dans la région", a déclaré X. Bertrand, en rupture totale avec ses prédécesseurs. Bien sûr, ce ne sont là que des mots et il faudra juger aux actes.

 

Le président du Conseil Régional a aussi annoncé pour l'automne des Assises du Dialogue Social, un évènement d'ampleur nationale en région selon lui. Espérons qu'il s'agira d'autre chose que de ces simulacres de concertation devenus habituels ces dernières années, où les conclusions étaient écrites avant même le début des discussions et où seules les organisations bien pensantes étaient invitées. "J'aime le débat d'idées", a dit le président, en réponse à la déclaration de la FSU. Un bon préalable pour la suite.

 

La FSU a surtout insisté sur les conditions permettant au CESER d'être vraiment utile dans la période qui vient. Le CESER a besoin de temps, il doit résister aux sollicitations intempestives. Il faut un vrai dialogue et tous les acteurs de la société civile sont légitimes, notamment ceux qui représentent un monde du travail qui a beaucoup de mal à se faire entendre. Réponse de X. Bertrand : le CESER décidera de son propre rythme, de ce qui lui semblera essentiel. Quant au dialogue, le président "se rend bien compte qu'il ne peut avoir lieu au Conseil Régional".

 

Il était plus de 17 heures lorsque X. Bertrand s'en est allé, laissant le président de séance d'abord annoncer le fin de la réunion avant de revenir à la validation des notes de cadrage. Pas de présentation. Pas de débat. A peine entendit-on : "Personne n'est contre ?", au milieu du brouhaha et alors que les conseillers du bureau se levaient pour partir. Le tout en moins de trois minutes.

 

Xavier Bertrand avait fait rire l'assemblée en disant qu'il ne voulait pas "payer pour les conn... des autres". On le comprend.

 
Ci-dessous l'intervention de la FSU :
 
Monsieur le Président,
 
Mesdames et messieurs, chers collègues,
 
J'interviens au nom de la FSU et de Solidaires et je ne porterai pas de jugement sur votre projet pour la région... j'en partage certains aspects et pas du tout d'autres... je me réjouis cependant de votre prise de distance par rapport à cette "économie de l'offre" qui est une stupidité d'un point de vue théorique et quant à ses résultats, toujours aussi catastrophiques... et aussi de cette volonté de mettre en oeuvre une vraie stratégie, car c'est sûrement ce qui a manqué le plus par le passé. Mais je voudrais consacrer l'essentiel de mon propos au CESER.
 
Nous ne croyons pas que la mission du CESER soit de répondre dans l'urgence à toutes les sollicitations conjoncturelles, d'où qu'elles viennent. Il doit -ou plutôt il devrait- au contraire s'en tenir à ce qui lui est spécifique : la longue durée, la cohérence d'ensemble, le lien social.
 
Le CESER ne peut pas non plus se contenter de reproduire simplement ce qui émane des différents acteurs de la vie sociale, car les attentes des uns et des autres sont divergentes et quelquefois contradictoires. Trop souvent on évite ce qui fâche au nom d'un consensus apparent qui méconnaît et masque les problèmes sans y apporter le moindre commencement de solution.
 
Il conviendrait au contraire d'identifier clairement les éléments de désaccord et sur cette base là de chercher à opérer des rapprochements et à aboutir à des compromis. Pas seulement des compromis quant à la syntaxe des rapports et avis, mais des garanties réciproques dans le cadre d'accords engageant véritablement les forces sociales.
 
De tels rapprochements sont envisageables seulement si l'on dispose de temps et si l'on accepte l'idée que les voix discordantes sont aussi légitimes que les autres, qu'elles traduisent les inquiétudes et les attentes de cette partie non négligeable de la société civile que constitue le salariat, et pas seulement des archaïsmes ou des incompréhensions qu'il convient d'ignorer.
 
Mesdames et messieurs, chers collègues,
 
Face à l'opinion, la démonstration de l'utilité du CESER reste à faire. Rien ne garantit aujourd'hui sa pérennité et sans doute faudra-t-il choisir entre un CESER qui ne dérange personne et un CESER vraiment utile.
 
Le second choix est évidemment plus difficile, mais comme disait Goethe : "on peut aussi construire quelque chose de beau avec les pierres qui entravent le chemin".
Partager cet article
Repost0
18 mars 2016 5 18 /03 /mars /2016 06:06
POUR UNE ECOLE PUBLIQUE LIBEREE ... DU MEDEF.

Quand les patrons se lâchent, on en apprend de belles.... Telle pourrait être la conclusion de la nouvelle "rencontre du CESER" qui s'est tenue hier à Lille sur le thème : "Favoriser les passerelles entre l'enseignement et l'entreprise", et cela aussi bien dans l'enseignement professionnel initial que dans l'enseignement général.

 

En effet les deux intervenants -un proviseur de lycée et un chef d'entreprise- ont tranquillement expliqué à l'auditoire que des cours pouvaient avoir lieu chez Castorama (pourquoi pas au Mac Do du coin, pendant la "semaine du goût ?) et que les chefs d'entreprise, membres de jury d'examen, venaient en fait pour ... recruter. Bel exemple de déontologie. Tout acquis à cette grande cause nationale, les représentants du MEN n'y ont rien trouvé à redire, multipliant les gestes de soumission face aux exigences du MEDEF. Quant au CESER, toujours prêt à "professionnaliser" les professionnels, quels qu'ils soient, là il fut curieusement muet sur la question; sans doute suffit-il d'être patron pour être un professionnel de l'éducation....

 

Mais l'essentiel est sans doute ailleurs et la FSU fut la seule à poser quelques questions de fond. Un groupe social peut-il à lui seul être porteur de l'intérêt général ? Si c'était le cas, c'est le CESER lui-même -représentant de la société civile dans toute sa complexité- qui deviendrait inutile et on pourrait se contenter de consulter le MEDEF. D'autant que le groupe social patronal est le seul à exiger un tel droit de regard et même d'intervention sur l'école, alors que d'autres catégories pourraient le faire tout autant : les agriculteurs au nom de la biodiversité ou de l'environnement, les seniors au nom de leur expérience accumulée, les jeunes parce qu'ils eprésentent l'avenir et bien d'autres encore. Il n'y a en France qu'un seul exemple d'une semblable volonté hégémonique sur la formation des jeunes esprits : celle de l'Eglise catholique au cours des siècles passés, et cela s'est terminé par la séparation de l'Eglise et de l'Etat et la laïcisation de l'Ecole. Faut-il aujourd'hui une séparation de l'Etat et du MEDEF ? Le moins qu'on puisse dire c'est que le patronat fait tout pour que la question se pose.

 

Et puis l'école enseigne des vérités, validées par la science, et non pas des opinions, des prénotions (au sens de Durkheim, qui fut aussi pédagogue, ne l'oublions pas) qui en sont exactement le contraire. Bien sûr que des têtes bien faites sont préférables à des têtes bien pleines, mais des têtes vides de savoirs -si elles peuvent garantir une certaine soumission à un ordre social pudiquement rebaptisé "société de la connaissance"- semblent bien éloignées de ce qu'il faut aujourd'hui pour faire d'un jeune un "honnête homme" du XXIème siècle, un citoyen conscient capable de faire des choix et d'en mesurer la portée. 

 

Partager cet article
Repost0